C'est vous qui le dites ! Norvège

Norvège : récit d’un voyage en solitaire, le vide

La soif d’aventures, l’envie de vivre des choses fortes font franchir des barrières solides aux hommes. Qu’est ce qui m’a motivé pour un voyage qui s’annonçait aussi périlleux que celui de l’Islande ? Que recherchais-je encore ?

Le 31 Mai 2016, j’arrive en Laponie norvégienne en petit avion par temps mouillé. Nous sommes une poignée de 10 à 15 voyageurs. L’aéroport est posé dans la nature au bord de la mer de Barrent, avec pour plus proche un village à 15 km. 

L’aéroport

Waouh quelle sensation et quelles odeurs à la sortie du terminal ! Je suis au-dessus du cercle polaire mais ce soir il ne fait pas spécialement froid, au contraire. Quel drôle de sentiment de se retrouver projeté dans une nouvelle aventure improvisée deux semaines auparavant.

Quelques voitures s’en vont sur une route déserte et moi je vais au pas profitant du soleil de 21h00 qui chauffe mon dos. Je croise les premiers moustiques assez rapidement en coupant au travers de bois et de marécages ; j’en sors les pieds quelque peu humides.

Sans que j’y sois préparé, même si je me l’étais déjà imaginé, je fus confronté à un grand animal à bois : il me vit et me fixa. Quand vous êtes seul face à ceci l’environnement prend soudain une toute autre saveur. Vous prenez conscience avec force que ce n’est pas le voyage de la tranquillité, que ce n’est pas l’école des fleurs. On sait que tout peut arriver, et même le pire, surtout le pire d’ailleurs. il est dingue de sentir comment le système de survie s’active. S’il me charge qu’est-ce que je peux faire ? Combat ? Fuite ? Freeze ? Finalement je contournais l’animal qui continuait de me surveiller, et je crois cette fois-là m’être emballé pour pas grand-chose. Je ne savais pas trop ce que c’était sur le moment, je compris plus tard qu’il s’agissait d’un renne mâle.

Il était 22h00 mais la journée était encore longue. J’ai rejoint une route et à minuit j’atteignis le village avec une luminosité correcte, quoiqu’un peu sombre à cause des nuages épais. Tout était fermé, et j’ai mangé un sachet de purée froide hydratée, sous un léger crachin. Je dois poser ma tente non loin du village car demain je vais m’approvisionner dans ses magasins. Il y avait une très haute colline avec une pente fort abrupte de 70° que je monta à la force de mes jambes fatiguées. 1h00 du matin, par-delà quelques marécages et morceaux de forêt je trouve enfin près d’un roc l’emplacement idéal pour passer la nuit. Je monte ma tente en vitesse, toujours accompagné d’une brise fraîche, d’un léger brouillard, et de quelques moustiques ; assez fatigué je me couche enfin. J’ai une boule au ventre, qu’il est étrange de se retrouver dans ma vieille tente avec qui j’avais vécu mille aventures en Islande, son odeur synthétique emplissait mes narines, celle de mon sac de couchage me renvoyait directement à mon voyage de l’année passée.

Sur la colline

Et je savais ce que j’avais enduré là-bas ; ce que je savais aussi c’est qu’il me restait trois semaines à tirer ici. Premier moment de solitude.

1er Juin 09h00, je sors de ma tente, il y a un petit soleil et il ne fait pas froid. Seulement 2h00 plus tard, le temps de plier bagage, je suis dans le supermarché et les gens me constatent. Une mère et sa jeune fille viennent me parler, qui suis-je, que fais-je là, où ai-je dormis ? Elles ont l’air surprise de voir un simple voyageur dans leur bled paumé. Si j’avais demandé je pense qu’elles m’auraient hébergée, mais ce n’est pas ce que je cherchais.

Passé à la caisse me voilà sur la route de la grande nature, bien sauvage, bien ardue. Le reste de la journée fut donc consacré à la marche, j’ai quitté les routes, je me suis enfoncé dans un paysage rocailleux, légèrement boisé d’arbres courts. Parmi les rocs et les pierres une herbe et une mousse tapissent le sol, lui-même parsemé de trous boueux. Il y a beaucoup de points d’eau, majoritairement stagnants, comme des marécages. 

La nature sauvage

En soirée le vent s’est levé et j’ai cherché une heure ou deux un endroit moins exposé. Je trouve sur le flanc du plateau un emplacement plus à couvert, les arbres d’1m50 autour de ma tente sont pliés à 20° ce qui me suggère un refuge précaire contre le vent. J’ai l’avantage d’être sur une pente, ce qui ferait glisser l’eau en cas de pluie et m’évitera une inondation. Le midi j’avais mangé une soupe aux pattes avec de l’eau recueillie dans une rivière fraîche trouvée en chemin. Mes stocks étaient pleins. 

Sur le flanc avec les arbres pliés

La douleur physique est déjà forte, mon aine droite souffre dans tous les plans au moindre mouvement, elle me fait boiter et m’oblige à rester récupérer une journée entière. Le vent est fatigant mais j’ai connu pire, la pluie fait du boucan, réveillant encore une fois les souvenirs difficiles de l’an dernier. En plus d’elle, les oiseaux crient à tout va, la nature sauvage c’est bruyant ! Je compte les heures, elles sont toujours aussi longues seul et immobilisé. Pas trop de problèmes pour les besoins sanitaires.

Les nuits sont difficiles, je ne suis pas encore habitué au soleil h24, en pleine nuit j’entendis des bruits de pas lourds, à moitié dans mon sommeil je n’en teins pas compte plus que ça, sans doute un renne comme j’en avais croisé un. Ma vraie crainte, surtout de nuit dans ma tente, c’était la foudre, j’étais plutôt en hauteur avec, comme seule pièce métallique aux alentours, l’armature de ma tente. C’est une angoisse quasi-quotidienne à laquelle je faisais fasse par temps de pluie, et en pluie je fus servi. Descendre dans une petite vallée demandait plusieurs kilomètres d’efforts que je ne pouvais plus fournir. Enfin j’avais la flemme quoi.

3 Juin, j’ai un peu guéri et reprends du service en marchant sur le plateau. Le temps est gris et pluvieux, grâce aux nuages j’ai au moins un peu d’obscurité. Je regarde le paysage et l’horizon, mon ancienne vie commence à me paraître lointaine et je la regrette. Je crois que ce jour-ci j’obtins ce pourquoi j’étais venu, ce jour-ci j’ai trouvé quelque chose que je cherchais déjà en Islande. C’est au bout d’un mois de solitude tout cumulé que ça me vint. Quel intérêt de vivre seul cette aventure ? D’ailleurs vivant je ne sais pas si je l’ai été là-bas : seul je ne me sentais pas exister, les seules choses qui me disaient que j’étais là furent les traces de défection que je laissais sur mon passage et la fuite que j’inspirais aux animaux. Ce jour-là j’ai compris qu’aucun autre jour de ma vie de collectivité ne serait pareil qu’avant mon départ. Quoi qu’il vous arrive en société vous avez toujours des gens, même inconnus, même ennemis ; il y aura toujours quelqu’un à qui parler. La solitude c’est le néant de l’âme. Peut-être que ce que je dis là est conditionné à l’exposition sociale que j’ai subi depuis ma naissance, néanmoins pour ma subjectivité c’est une vérité. C’était une journée grise et mélancolique mais assurément riche. J’ai croisé des traces d’animaux, une que j’attribue à un petit renard, une autre à un renne, mais la dernière me laisse dubitatif quant à sa taille et à sa forme. 

Une grosse trace

Une journée moralement épuisante, la nuit venue est un soulagement pour le temps qui s’écoule trop lentement.

Cette nuit j’entends des grognements derrières la toile de ma tente. Ce n’est rien de l’écrire mais le vivre c’est quelque chose. Sorti de mon sommeil je ne réalise pas tout de suite, je l’ai d’ailleurs  entendu plus tôt dans la nuit sans m’être complètement réveillé. Cette fois d’un coup je réalise la situation : mon cœur pompe et le temps se fige. Impossible d’identifier la bête, peut-être qu’un renard ? Certainement pas un renne. Un lynx ?? Je ne sais pas ce que c’est mais je fais le lien avec l’existence d’ours dans la région et la trace imposante croisée dans la journée. Face à la menace, car je pense que c’en était une, je ne peux pas fuir, je ne peux pas me battre (comme si ça aurait été utile), saucissonné dans mon sac. Dernière option, celle des plus lâches, mais ici la plus adéquate, je tais le moindre bruit que je peux émettre, et reste figé. J’entends le grognement tourner autour de ma tente et s’éloigner. Je n’ose pas regarder par la petite lucarne de ma tente, un peu catatonique. Quoi qu’il en soit j’arrive à me rendormir pas tout à fait en sûreté, mais quand même un peu rassuré. La nuit n’est pas finie, ça revient, et c’est tout près à 1 m de ma tête sur la droite. Je ne peux rien voir, ça respire, et grogne sommairement. La tétanie reprend je ne saurais dire combien de temps, mais dans mon souvenir assez longtemps. De toute manière dans ces situations ça vous paraît toujours long. Je n’entends plus rien 5 secondes et ça revient d’un coup et à chaque fois que ça se tait je redoute encore plus le moment où ça va reprendre. Un moment ça ne revient plus, une minute, voire deux, en fait je ne sais plus mais j’ai là un élan de courage et d’audace je regarde par ma lucarne : rien, le champ de vision est très faible dans un trapèze de 3m² sur le sol. Avec la discrétion la plus extrême j’entrouvre la fermeture éclair de la toile, glisse un œil : rien. Puis la tête : rien. Je suis préparé à me battre avec une grande violence s’il le faut, je sors dehors avec un shoot d’adrénaline comme j’en aurai jamais : rien. Plus rien, je ne vois rien, alors en plus d’être terrifié je suis maintenant fou ? J’ai une vue limitée à 30 mètres vers la vallée à cause de la courbure de la pente, et d’environ 15 m sur le haut de la colline. J’inspecte tous les côtés de ma tente et il n’y a rien, je me sens un peu con. Je suis toujours dans un état d’alerte et de tension au cas où ça me sauterait dessus. Je rentre en vitesse dans ma tente et tends l’oreille avec une ouïe décuplée. Rien. Je finis difficilement la nuit, me réveillant périodiquement et en alerte, tout au long de la nuit, au cas où.

4 Juin. Bon, aujourd’hui il faut qu’on bouge, je ne m’éternise pas à manger mes flocons d’avoines trempés dans l’eau et mélangés avec de la poudre de riz protéique. Quand je me brosse les dents la pluie bat particulièrement fort, et quand je sors je comprends que je suis en train de me prendre la grêle. Je ne sais pas combien il faisait mais ce jour-là fut l’un des deux jours où j’eus le plus froid aux mains de ma vie. Mes gants étaient humides de la veille et n’attendirent pas pour être imbibés de glace fondue. 

Le matin de grêle

Plier et ranger ma tente et mes affaires sous ce déluge glacial fut éprouvant, notamment parce qu’on a nul part où se sécher. L’indice de perméabilité de ma veste est dépassé et elle aussi s’imbibe d’eau froide (oui j’avais eu l’ingéniosité de ne partir qu’avec une veste goretex). Je ne me souviens pas de l’état de mes jambes et de mes pieds, mes mains occupaient toute mon attention et je ne saurais quels mots employer pour vous faire ressentir la douleur du froid à cet instant. Ma technique c’est de les bouger, alors je commence à marcher et à les bouger sans m’arrêter. Toutes les articulations y passent, je souffle dessus mais la chaleur que je dégage est bien trop faible, je m’imagine au soleil sur la plage pour mieux supporter l’instant. Qu’elle est belle qu’elle est douce la nature.

J’ai en tête de rejoindre l’aéroport pour revenir sur Oslo, le temps ne changera pas de la semaine. Pour cela deux options : repasser par le village de mes débuts ou bien couper à travers les montagnes pour l’atteindre directement. Le premier choix est plus long mais le chemin est moins accidenté, et surtout je le connais déjà. Le second je n’ai en théorie qu’à aller en ligne droite dans les reliefs, le chemin sera bien plus court, pensais-je, et à peine plus difficile. Et puis merde on est là pour vivre une aventure non ?

J’ai monté, descendu, monté, descendu 40 flancs. Je me suis retrouvé au milieu de troupeaux de rennes. Eux que j’avais craint le premier jour, et qui maintenant me fuyaient comme si j’étais leur prédateur. 

Troupeau de rennes

Je croisais des plaques de neiges aux sommets et des marécages dans les dépressions, que je devais contourner mais que parfois je franchissais pour ne pas rallonger la distance.

Il pleuviote j’ai moins froid le vent m’a en partie séché, je passe un déjeuner laborieux assis sur un coin d’herbes mouillées, leur odeur m’emplit le nez. Elle sent fort la nature. En plus d’être bruyante, vaste et agressive par le fouet de son vent et de ses pluies, elle sent. La douleur à mon aine est bien-sûr revenue assez vite, je l’ai enduré avec la force mentale qu’il me restait ; en fait c’est surtout qu’il n’y avait pas le choix. C’est pas tout , mes tendons d’Achille étaient sciés à petit feu par la forme de ma botte sur ma cheville. J’avance, j’avance, j’ai en pointe de mire à l’horizon une espèce de bâtiment pointu, assez haut mais peu épais. De visu il n’était plus bien loin mais le dénivelé doublait la distance pédestre pour l’atteindre. Ça fait des heures que je suis parti, je me retrouve sur le toit des toits du relief, de là je surplombe tout. Malgré la difficulté et une certaine souffrance je profite de cette vue sauvage imprenable et unique sur des Fjords érodés par des millénaires de pluie et de vent, lesquels se fédéraient à ce moment même contre moi, mais m’usaient bien plus vite. Mes talons n’en peuvent plus, les montées les scient, les descentes les poignardent. 

Au travers des collines

J’essaye de marcher sans osciller l’angle de ma marche et de poser le pied toujours à plat sans lever le talon pour limiter la friction avec ma botte. Je marche délassé, ça me soulage beaucoup même si les frictions sont plus nombreuses, elles sont moins profondes et moins intenses. Peu à peu je m’approche de ce drôle de bâtiment planté là au somment du dernier mont, faisant face à l’aéroport en contre-bas. Quelques éclaircies accompagnent la fin de mon parcours, je titube sur le dernier kilomètre apposant mes mains sur les rochers capables de m’aider à rester debout. Il y a un petit chemin qui relie le bâtiment et qui rejoint une route en bas. Je le prends et traverse une sorte de camp d’entraînement avec des murs étrangement agencés. Une fois en bas je vois un panneau qui défend d’emprunter le chemin car il s’agit « d’une base militaire russe ». Ils n’avaient pas imaginé qu’on pouvait arriver d’en haut les idiots ! En tous cas elle était déserte, et sur ce je rejoignis l’aéroport par la route.

A l’aéroport pour Oslo

Là je trouve un billet pas cher pour Oslo, il est 20h30 et je rentre dans un petit avion, la journée n’est pas finie. J’arrive sur les coups de 22h30, je suis sonné par le monde que je croise tout d’un coup, il y a 10 heures je marchais seul au milieu de nulle part, j’endurais le plus grand froid de ma vie, je croisais des rennes, j’étais complètement seul. Gros contraste, je ne sais où aller, je demande à une ou deux voitures de m’emmener sur Oslo (car oui, l’aéroport d’Oslo se trouve à 50km d’Oslo). Sans m’acharner après leur refus je vais vers une gare, le billet coûte 20 euro que je n’ai pas.  Je demande, sait-on jamais, au jeune bobo norvégien qui passait par là si je peux emprunter le tourniquet avec lui, il répond mal et à ce moment je me sens vraiment comme l’un de ces clochards à qui l’on parle mal dans le métro parisien parce qu’il demande l’aide que personne ne lui offre.

Je suis retourné à la civilisation et pourtant je suis au plus mal, seul et exténué je m’enfonce dans un bois au-delà des parkings et trouve un tapis de feuille de 2m² où je redéploye enfin ma tente.

Je n’ai aucune idée de quoi sera fait demain, tout ce que je veux c’est dormir et que personne ne vienne me jeter.

Dans la forêt

5 Juin, une nuit de sommeil ça vous redonne le moral, il a fait nuit car je suis plus bas dans les terres et ça fait un de ces biens ! Pas de vent pas de pluie, tout est si paisible ici, je fais mon sac tranquillement. Je suis coincé à l’aéroport, en persévérant j’aurais trouvé une voiture mais pour aller où ? Que voulez-vous que j’aille faire à Oslo sauf payer une chambre 40 euro la nuit ? La nature sauvage ne m’a pas suivie,  ici je ne suis plus un trekkeur, je suis un vagabond SDF. J’ai trouvé un billet pour la France dans 4 jours. Il me reste quelques réserves de nourriture que je rationne avec les quelques 10€ restant au fond de ma poche. Les quatre jours suivants j’ai connu la faim avec un sandwich bon marché par jour et un sachet de purée le soir accompagné d’une banane à 20 centimes. J’allais aux toilettes à l’aéroport, et j’y prenais mon eau. Elle avait un goût spécial, elle devait sans doute être traitée.

Le 7 Juin, au réveil j’ai la surprise de découvrir une centaine de petits arachnides d’un ou deux millimètres qui arpentent les maillages de ma moustiquaire. Est-ce que je peux leur en vouloir d’essayer de s’abriter un peu de cette nature si dévastatrice ? Elles sont tout autour de moi mais j’ai connu tellement pire que ceci est anodin.

Le 8 Juin j’ai décidé de passer ma dernière nuit sur le sol de l’aéroport, de toute façon j’ai trop la flemme de refaire ma tente et de la ré-rangée le lendemain. Bientôt je mangerai à volonté. Une nuit moyennement roborative évidemment mais bon, on est plus à ça près.

9 Juin, jour de départ, je quitte enfin cet aéroport,  avec toujours un malin mélange de nostalgie et d’excitation, dans quelques heures je retrouve ma vie d’avant…

Post Sciptum

Qu’en ai-je tiré ? J’ai vécu une réalité différente de ma vie de toujours, cette fois-ci assez éprouvante au point de laisser une fissure en moi. J’ai mis du temps à re-supporter la solitude, ma sensibilité à la misère s’est développée, c’est bête à dire mais aujourd’hui je me revois dans chaque miséreux. A Oslo, bien que retourné à la civilisation j’étais toujours seul, c’était une solitude différente, une sorte d’errance où personne ne vous calcule, elle n’est pas agréable mais reste moins éprouvante que l’isolement de la nature.
Quand vous revenez de là un beau sentiment d’accomplissement vous envahit, les saveurs de votre vie habituelle sont amplifiées. J’ai mangé mes repas suivants avec soin jusqu’à la dernière miette, bu mes verres d’eau jusqu’à la moindre goûte, et pris des bains chaud, un peu honteux d’user toute cette eau. Ce voyage fut émotionnellement plus chargé que le premier. Ce qui était difficile ce n’était pas de passer une journée seul, mais de se dire qu’il en restait encore 20. Dans ces moments je tenais en m’accrochant au futur et à mes proches, mais quand demain est pareil à aujourd’hui l’espoir s’éteint. Penser à ses proches c’est essayer d’échapper à  l’isolement, les miens m’ont accompagnés dans mes pensées une grosse partie de mon périple.

Un jour, seul et usé je m’étais dit « plus jamais…plus jamais… Alexis, plus jamais…».

Un jour peut-être repartirai-je, mais pour l’instant j’ai ma dose. Pas maintenant …

Ces voyages ont revitalisé mon existence pour un long moment.

Entre deux éclaircies

Anecdotes

  • Le village se situait à 15 km de la frontière Russe,  les norvégiens de l’aéroport me lançaient des « bonjour » en russe me croyant venir de là.
  • Dans ce petit village reculé au bout du monde je suis passé devant une maison dédiée aux témoins de Jéhovah avec un logo géant.
  • Là-bas j’ai payé la bonbonne de gaz la moitié du prix de mon billet allé, et l’anti-moustique pour l’autre moitié.
  • Avant de prendre mon avion  retour pour Oslo une hôtesses de l’air a voulu se prendre en photo avec moi.
  • Le jour de mon retour j’ai acheté une tablette de chocolat au duty-free qui m’a donné mal au ventre  dès le 3ème carré à cause de la concentration en sucre à laquelle j’étais désensibilisé.
  • J’ai gardé des douleurs aux tendons d’Achille plus de deux semaines après mon retour en France avec l’incapacité de me hisser sur la pointe des pieds.
  • A mon retour dans le métro parisien, quelqu’un m’a offert deux bananes sans que je lui demande, je ne sais pas de quoi j’avais l’air mais ça ne devait pas être joli !
  • Lors du voyage je ne me suis pas lavé une seule fois en 10 jours.
  • Le soir même de mon retour je suis passé chez mon père qui n’a pu regarder les photos que je lui montrais car je puais trop.
  • A l’époque de ce voyage j’avais 20 ans.

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