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Alaska : Notre expédition en pulka au Mont McKinley !

Après l’Aconcagua en février 2014, nous avions programmé avec mon épouse ce sommet en 2016 qui s’inscrit dans une suite de projet d’expéditions avec le Mustagata et un 8000 m (soit le Shishapangma ou le Cho Oyu). Le choix de ces sommets faisant la synthèse entre les contraintes familiales, financières, professionnelles et techniques. L’objectif de cet enchaînement étant de créer une progressivité sur l’altitude, la durée, l’effort et la technique.

Suite aux «efforts » rencontrés sur l’Aconcagua par rapport aux différents portages pour mon épouse jusqu’à Nido de Condorès (5600 m) et de la fatigue engendrée, j’avais défini la stratégie suivante :

Transporter la totalité des affaires jusqu’au C4 (camp des Rangers situé à 4300 m) avec une pulka adaptée (harnais + brancard rigide alu, modèle Snowsled HDPE Expédition  : soit les 130 kg de matériel répartis en deux portages). Les distances et les dénivelés donnés dans les différents topos rendant la chose sur le papier faisable.

Notre itinéraire pour le Mont McKinley
Notre itinéraire pour le Mont McKinley

notre planning

  • J1 : Arrivée Base Camp => descente de Heartbreaker Hill pour établir le camp  sur le point bas du glacier (2100m) évitant ainsi de devoir remonter cette pente.
  • J2 : Camp point bas (2100 m) => C3 (3400 m) => camp point bas
  • J3 : Camp point bas => C3 (3400 m)
  • J4 : repos
  • J5 : C3 => C4 (4300M) => C3
  • J6 : C3 => C4
  • J7 : repos
  • J8 : C4 => C5 => C4
  • J9 : repos
  • J10 : C4 => C5 (5200 m) nuit au C5
  • J11 : C5 => sommet => C5 nuit au C5
  • J12 : C5 => C4
  • J13 : repos, démontage du camp
  • J14 : C4 => BC + vol Talkeetna
  • J15 : joker météo
  • J16 : joker météo
  • J17 : joker météo

C’était sans compter sur les conditions météos très « changeantes » du Denali.

C’est parti pour l’aventure !

DIMANCHE 8 MAI
09h00 : Départ de Genève pour vol Amsterdam, Seattle, Anchorage (vol Air-France / KLM, Delta Airlines).
22H00 : Arrivée Anchorage, la navette gratuite de l’hôtel Courtyard Marriott vient nous chercher.
Nuit à l’Hôtel.

LUNDI 9 MAI
Départ sac à dos et bus pour réaliser les achats de nourriture chez REI et au supermarché (CAR).
Retour en bus au début de l’après-midi.
Ouverture des emballages et préparation des sacs pour l’expédition.
Nuit à l’Hôtel.

MARDI 10 MAI : Pour notre premier jour, le temps est voilé…
08h00 : Départ en navette privée, réservée par internet (vue la quantité de matériel) avec www.discoverak.com (Planet Earth Adventure), le patron est super sympa !
10h00 : Arrivée à Talkeetna directement chez K2Aviation. Dernières formalités.
11h00 : La navette nous pose chez les Rangers pour le Briefing, durée environ 1h00 avec un guide Rangers sympa.
12h00 – 14h00 : dernier repas (bière et hamburger) et retour chez K2Aviation. Talkeetna est une  toute petite ville, les déplacements de la Maison des Rangers (Qui ressemble à la Maison de la Montagne de Chamonix) aux restaurants et à l’aérodrome se font à pied en 10’.
14h00 – 16h00 : Dernière préparation des sacs et pesage pour le chargement dans l’avion.
17h00 : Décollage pour le BC.
18h00 : Arrivée au BC, le vol est extraordinaire.
18h00 – 19h00 : Déchargement de l’avion, préparation de la Pulka, des skis et départ pour le point bas du glacier.
19h00 – 20h15 : descente de Heartbreak Hill nickel avec la pulka rigide et en ski de rando : 4 km / -100m.

Notre pulka chargée au maximum

MERCREDI 11 : J2- Brouillard, pluie et neige, température 0°c.
08h00 : réveil, ça commence bien ! Nous hésitons à partir pour plusieurs raisons : D’abord nous devons monter à C3 (altitude 3400m / 13.5km sur la carte / dénivelé 1300 m) où les conditions devraient empirer, ensuite nous ne sommes pas certains que la trace soit balisée tout le long et vue la taille du glacier, il ne s’agirait de tourner toute la journée et toute la nuit.

Dans la journée, le temps se dégrade et nous savons que nous avons pris la bonne décision.
19h00 : Le temps se dégage, il fait beau, mais c’est trop tard. Dommage !

Notre Camp 1 - Glacier de Kahiltna 2100 m
Notre Camp 1 avec tentes, pulka, skis – Glacier de Kahiltna 2100 m

JEUDI  12 : J3- Grand beau puis mauvais temps avec du vent,  température -10°c.
08h00 : Réveil et préparation des sacs.
10h00 : Départ pour C3, le panorama est merveilleux et nous découvrons que la trace est balisée tout le long avec des jalons espacés de 60 m environ.
Nous passons devant le C1 à un bon rythme (1h30). Mais les différences de température (air / neige) font coller les peaux. J’ai oublié de prévoir le produit colltex. La pente se raidie, nous passons Ski Hill. La chaleur arrive, les 65 kg de la pulka deviennent difficiles à emmener, le rythme décroit fortement. Les skis n’offrent pas assez d’adhérence ; il faut déchausser et porter les skis, ce qui augmente le poids. Ensuite la pente redevient raisonnable. Le temps change.
Nous passons devant le C2 (Kahiltna Pass), la fatigue arrive. Le temps se gâte : la température baisse,  il neige et il y a du vent.

Puis arrive la montée de Motorcycle Hill. L’effort devient infernal et il faut à nouveau déchausser pour finir. Distance 15km700 (un peu plus que sur la carte) / + 1360 m / 7h30 / température – 10°c / temps complétement bouché. Nous nous habillons rapidement, finissons le thé chaud, creusons une cache pour déposer nos deux sacs.

Descente dans le brouillard, la neige et le vent ont complètement recouvert la trace, nous ne rencontrons plus de cordée, nous ne voyons pas à plus de 20 m, sauf que les jalons sont espacés de 60 M. C’est la galère et dans ce cas précis nous prenons vraiment conscience de l’isolement.
Nous réalisons un encordement à 50 m et avançons en éventail pour retrouver chaque jalon.
Arrivée au C1 nous passons sous le plafond et la visibilité revient.

Arrivée à notre camp après 2h30 de descente. Grosse journée, mais pas terminée. Il faut préparer 8 litres d’eau dont les thermos de thé car demain : rebelote. Un repas est bien mérité. À 22h, il est temps de rentrer dans les duvets.

VENDREDI 13 : J4- Grand beau temps, pas de vent,  température -10°c.
08h00 : Réveil et démontage du camp : un peu fatigué des 12h00 d’activité de la veille.
0h30 : Départ pour le C3
Nous passons devant le C1 après 1h15, la neige est plus glissante que la veille : arrêt devant la crevasse pour vider le sac du CWS (la boite à déchets organiques). Il fait encore plus chaud que la veille. Avec la fatigue, l’effort à fournir est encore pire que la veille.
Je capitule au C2 (Kahiltna Pass) à 3050 m, impossible de continuer. Distance 13km200 / + 1022 m / 6h45.

Sous le soleil cette fois-ci, le panorama est extraordinaire. Nous montons le camp, mais il n’y a aucun mur de neige, il faut alors décaisser et monter les murs de protection car l’emplacement est super exposé au vent : durée 3h00 plus encore autant pour l’eau et le repas. Puis direction les duvets : nous sommes morts.

Sur le départ avant notre effort intensif – pulka chargée à bloc

SAMEDI 14 : J5- Grand beau temps, pas de vent,  température -10°c.
08H00 : Réveil et « réfléchissement Jean-Pierre » : La moitié du matériel est 300 m plus haut, au C3, depuis jeudi. La vision que nous avons eue jeudi sous la « tempête » est que l’endroit est surchargé de monde et n’offre pas beaucoup d’endroits plats. En étant chargé, il faut environ 1h30 pour parcourir les 300 m et les 2km500. Nous faisons le choix, à tort peut être, de rester ici pour transporter notre matériel au C4. Après tout, cela ne rajoute que 1h30 de trajet et 300 m de dénivelé pour atteindre le C4 qui initialement se trouve à 900 m du C3.

Il nous manque du carburant et de la nourriture et je monte au C3 récupérer ce dont nous avons besoin. Les 300 m et les 2km500 sont avalés en 30’. Je prends ce qu’il nous faut et redescend à ski dans une super neige poudreuse : L’instant est génial.
J’installe la tente Hoopster de chez Mountain Hardwear, une sorte de tipi. Il faut décaisser et monter les murs comme la veille : durée 3h00, plus encore autant pour l’eau et le repas.
Bonjour la journée de repos !

DIMANCHE 15 : J6-Beau temps puis couvert, pas de vent,  température -10°c.
08h00 : Réveil et préparation des sacs.
10H00 : Départ pour le C4 avec les skis. Nous passons au C3 pour prendre notre matériel et découvrons l’inclinaison de la montée  qui commence juste après le C3 : environ 35% (cela ressemble à la montée de la face nord du Mont Blanc du Tacul, mais en plus court).

Nous enlevons les skis, chaussons les crampons et dans la pente, je reste en mode pulka avec les sacs dedans. L’effort est démentiel, d’autant que les deux paires de ski augmentent  le poids, les cordées qui nous croisent nous regarde ébahis en lançant : « too strong » ou « impressionnant ». Passé cette partie, nous croyons que le plus dur est derrière nous, hélas nous arrivons à Squirrel Hill, la pente prend du dévers et se raidie encore plus sur la fin, la neige devient de la glace. L’exercice est périlleux avec les 70 kg (65 + les skis) de matos. Si je pars en déséquilibre arrière, nous chutons tous les deux avec la pulka sur le glacier opposé Peters Bassin.
Passé Squirrel Hill, le temps change, le brouillard et le vent arrivent.

Nous arrivons péniblement à Windy Corner et capitulons. Il nous reste encore 200 m et 1,5 km sans visibilité. Distance 9 km / + 1057 m / 5h40 / température – 5°c / temps complétement bouché et vent.
Nous réalisons une cache et redescendons à notre C2 à pieds, les conditions météos, de neige et de glace rendant cette descente impossible à skier. Durée 1h30.
Et à nouveau 3h00 à faire de l’eau et le repas.

Entre le Camp 2 et le Camp 3 - Motorcycle Hill 3100 m
Entre le Camp 2 et le Camp 3 – Motorcycle Hill 3100 m

LUNDI 16 : J7-Grand beau temps, pas de vent,  température -10°c.
08H00 : Réveil, mon épouse est au top, prête à monter au C4.
Je suis à l’agonie, les 4 jours d’effort non-stop m’ont épuisé au point de me créer des apnées du sommeil toute la nuit, malgré une saturation correcte à 92%,  je n’ai pas fermé l’œil.

Impossible de relever le challenge :  Démonter le camp, trier le matériel qui restera ici dans une cache, creuser la cache, monter la pulka au C4, réinstaller la tente au C4, faire de l’eau et préparer le repas pendant 3h00.
Nous décidons de rester pour faire du jus. C’est une belle journée qui nous permettra de recharger les batteries humaines et matérielles.

Le Camp 2 - Kahiltna Pass 3000 m
Le Camp 2 – Kahiltna Pass 3000 m

MARDI 17 : J8- Tempête, température -10°c.
08h00 : Réveil sous 40 cm de neige, dehors c’est la tempête, impossible de bouger ! Pas de bol, mauvais timing ! Nous sommes au top mais coincé toute la journée. Nous nous organisons pour le lendemain. Nous prenons la décision suivante : Compte tenu des conditions de neige, de glace et de pente du C4 au C2 et du poids de la pulka qu’il nous faudra redescendre, les skis ne servent à rien et il est inutile de les monter au C4. Ils resteront dans la cache du camp 2 et nous nous en servirons au retour pour la descente au BC. Idem pour les chaussures de ski.

Le Denali (6194 m) vu du Camp 4 4300 - Sur la gauche le col et le Camp 5 - 5200m
Le Denali (6194 m) vu du Camp 4 4300 – Sur la gauche le col et le Camp 5 – 5200m

MERCREDI 18 : J9- Grand beau temps, pas de vent,  température -10°c, 50 cm de poudreuse !
08h00 : Réveil, la météo est au RDV, nous sommes prêt pour aller au C4. Nous démontons le camp, recreusons la cache remplit par la tempête, laissons notre matériel.
10h30 : Départ, sauf que maintenant nous sommes en chaussures de montagne (OlympusMons de La Sportiva) et que nous commençons la montée de Motorcycle Hill au C3 dans 50 cm de poudreuse, de plus les variations de températures font coller la neige sous la Pulka !
Il nous faut 1h40 pour arriver au C3 et nous commençons à être rincés. De plus il n’y a pas de trace et une grosse accumulation de neige dans la pente après le C3.
Nous ne passerons pas et prenons la décision de monter la tente, nous continuerons demain. Maintenant, il y a de la place. La vue du C3 est magnifique avec la visibilité.

Le soir à 22h00 au routage météo opéré par mon père (un grand merci à lui) par SMS sur l’iridium, nous apprenons qu’un bulletin d’alerte de tempête sur l’Alaska a été donné. Le temps va se dégrader sur le Denali à partir de vendredi et probablement jusqu’au lundi. C’est la tuile… Nous avions 4 jours de joker météo et nous en avons déjà utilisé 2. Maintenant,  il nous en faudrait encore 3 voire peut-être 4.

Il nous faut prendre une décision très difficile entre deux options :
Soit demain jeudi nous montons nous installer au C4 où nous ne pourrons pas bouger avant lundi voir mardi pour le C5 et le sommet car il y aura de grosses accumulations de neige. Si mardi atteinte du C5, mercredi sommet et descente au C4, enchainement le jeudi à descendre au BC avec tout le matos (ça fait 3 journées de « ouf ») et arrivée trop tardive au BC pour voler au sur Talkeetna, donc vol le vendredi si c’est possible, ou samedi, sachant la navette nous prend le samedi à 18h00 pour nous emmener à l’aéroport d’Anchorage avec notre vol à 05h40 le matin => la marge de manœuvre est trop étroite. D’autant que tant sur le plan professionnel et familial, nous ne pouvons pas décaler notre retour.
Soit demain jeudi, nous faisons un A/R au C4 pour une visite et récupérons nos deux sacs de matériel à Windy Corner lors de la descente, puis nous attendrons le créneau météo au C3 pour descendre au BC. De fait nous aurons de la marge.

Pas évident de se positionner lorsque l’on fait l’addition de l’investissement financier, du temps de préparation logistique, technique et physique, du temps de transport entre la France et le BC, de la gestion de l’échec sur les jours de retour.
Prudence est mère de sureté, nous optons pour la seconde solution. Le sketch des compagnies aériennes du BC nous donnera raison.

Le camp 3 3400 m - Base de Squirrel Hill
Le camp 3 3400 m – Base de Squirrel Hill

JEUDI 19 : J10- Beau temps, beaucoup de vent,  température -13°c.
08h00 : Réveil, nous nous préparons tranquillement, aujourd’hui nous serons light, pas de challenge sportif.
10h00 : Départ, c’est un vrai plaisir de se mouvoir sans être chargé comme une mule !
Dans Squirrel Hill nous croisons beaucoup de monde dont des militaires (qui nous l’apprendrons plus tard seront les seuls à avoir atteint le sommet depuis une petite semaine). Après Squirrel Hill il y a du vent à décorner les bœufs. A Windy Corner nous croisons encore d’autres cordées qui se dépêchent de descendre avant la tempête.

Arrivés au C4 nous faisons quelques photos, la vue est superbe, nous croisons une Italienne qui nous confirme que toutes les cordées descendent à cause de l’annonce de la tempête; Distance 5km600 / + 1045 m / 3h20.
Descente 1h30 avec la récupération des affaires dans la cache de Windy Corner à 4 100m.

Le camp 3 après une grosse chute de neige
Le camp 3 après une grosse chute de neige

VENDREDI 20 : J11- tempête,  température -15°c.
08h00 : Réveil. Nous avons pris 50 cm de neige durant la nuit, il y a un vent d’enfer et il continue de neiger. Toutes les deux heures, il faut enlever la neige qui s’accumule. Toutes les cordées renforcent les amarrages et consolident les murs de neige. Malgré les protections, les rafales secouent durement la tente. Chouette journée en perspective.
Baston jusque dans la nuit.

SAMEDI 21 : J12- tous les temps,  température -11°c.
08h00 : Réveil, le temps est voilé. Nous profitons de cette opportunité pour plier le camp. Nous luttons à dégager la neige de la nuit.
10h30 : La pulka est chargée de tous les sacs (110kg), pas facile de la faire décoller dans la poudreuse. Entre temps le temps s’est couvert et nous ne voyons pas à plus de 60 m.
Descente de Motorcycle Hill dans la poudreuse.

Arrivés à C2, nous récupérons notre matériel dans la cache, nous changeons les chaussures de montagne par celles de ski de rando, et nous chaussons les skis. Il neige à nouveau et il y a beaucoup de vent. La visibilité tombe à 20 m. Pas de stress cette fois-ci, cela devient la routine et je suis persuadé qu’au C1 nous serons sous le plafond. Nous croisons quelques cordées dans la pente de Ski Hill. Arrivés au C1, la température s’est réchauffée, il pleut. Et c’est jour blanc.
À la base de Heartbreaker Hill, nous croisons les militaires rencontrés 2 jours plus tôt qui attendent d’être récupérés en hélicoptère.

Le soleil sort et il fait très chaud. Il faut désormais tirer les 110 kg de pulka jusqu’au BC (une montée de 150 m sur 2km). Petit craquage a 200 m de l’arrivée car justement nous y sommes arrivés. En voyant la taille de la pulka les cordées nous regardent, nous hèlent et nous prennent en photo.
Distance 20 km / + 150 m / – 1300 m / 7h00
Il est 18h30, nous montons la tente te je vais nous enregistrer vers la Basecamp Manager afin qu’elle contacte K2Aviation pour le retour.

18h35 : 3 avions de chez K2 arrivent (rien à voir avec notre « enregistrement »), et d’un coup une trentaine de personnes se mettent à démonter leurs tentes et à courir vers les avions. La cordée située à côté de nous a juste le temps de nous informer que cela fait 3 jours qu’ils attendent K2Aviation.
Un groupe d’Italiens attend depuis 5 jours leur avion de chez Sheldon Air Service ; ce n’est pas rassurant.

Nous attendrons 48h que l’on vienne nous chercher ! Et pour les Italiens, ce sera 7 jours.
Les 48h d’attente nous ont permis de réfléchir à la situation.

Le camp 3 après une grosse chute de neige : notre tente est ensevelie !
Le camp 3 après une grosse chute de neige

DIMANCHE 22 : J13- tous les temps.
Attente en standby.

LUNDI 23 : J14- neige, soleil, brouillard.
15h00 : Décollage pour Talkeetna. Nous avons dû tout plier en 10’ lorsque nous avons vu atterrir l’avion de chez K2, car la Basecamp Manager s’était tirée entre temps dans un avion d’une autre compagnie. L’avion repartait sans nous !

RÉSUMÉ AINSI QUE QUELQUES PISTES DE RÉFLEXION :

5 jours de beau temps complet sur les 14 jours d’ascension.
Suite au débriefing avec le Ranger, la meilleure période de météo est entre le 20 mai et le 15 juin.
Il faut aussi que l’alternance de beau temps et de mauvais coïncide avec le planning.
Cette année au 29 mai le taux de réussite était de 20%.

D’autres cordées ont déjà le sommet 12 jours, mais suite à notre expérience, je préconiserais 3 semaines complètes de dispo sur la montagne soit 1 mois au total France / France avec un billet d’avion de retour modifiable.

Au vu de l’investissement c’est ballot d’être un peu court en temps.
Concernant les compagnies d’aviation : « K2Aviation » vol « à vue » et ne dispose pas de matériel électronique leur permettant de voler dans des conditions plus difficiles. Maintenant la meilleure compagnie semble être « Talkeetna air Taxi ». Nous l’avons vu voler le dimanche où il faisait mauvais. Après, réalité économique oblige, les avions ne volent pas à vide, ni à l’aller, ni au retour. Il semble que le minimum soit de 4 passagers, voire plus. Donc si au retour vous n’êtes que deux à attendre sur le tarmac du BC, il vous faudra attendre que d’autres cordées arrivent. Cela est à prendre en compte dans la planification du séjour.

Niveau tente, nous en avions 3 : Une tente 3 places Nemo Altistorm de 5.6 kg, une tente light Direkt 2 de 1.6 kg (Mountain Hardwear) pour le C5 (pour éviter de démonter la 3 places) et un tipi Hoopster (Mountain Hardwear) de 2.7 kg.
Nous avons vu beaucoup d’expéditions locales avec le modèle Hilleberg Keron 4 GT. J’avais hésité à en acquérir une avant le départ, mais je n’en avais plus les moyens. Elle offre 3 avantages majeurs :

  • C’est une tente tunnel de 110 cm qui se montent (et se démonte) même dans la tempête
  • La chambre intérieure se monte après le montage du double toit, donc dans la tempête la chambre intérieure n’est jamais mouillée et cela permet de ranger toutes les affaires dans les sacs à l’abri.
  • La grande abside est de 185 cm par 210cm. Et dans la neige on peut décaisser toute cette partie pour faire une hauteur de 180 cm, cela évite de prendre un tipi.

=>  Bref, le tout en un !

Concernant l’organisation des secours, je n’ai pas été convaincu. Certes le briefing d’une heure avant la délivrance du permis ainsi que le questionnaire à l’inscription font pro, mais c’est du « tape à l’œil ».
Au BC pas de médecin, pas de rangers, juste une personne qui parle anglais, sait se servir d’une radio et distribue  le gaz et l’essence.
Au C4, des rangers guides mais pas forcément « UIAGM » et pas de médecins. Ils font de la « bobologie ».

Compte tenu des conditions climatiques très changeantes, des distances entre Anchorage et le Denali, des distances sur la montagne, s’il vous arrive quelque chose de grave entre le BC et le C4 et le C4 et le sommet et qu’il fait mauvais, vous ne pouvez compter que sur vous. La plupart des cordées sont déjà « à bloc ». Il faut que vous soyez toujours à même de tenir 4 jours, avec vivres, essence, vêtements de rechange, médicaments.

L’utilisation des skis ne m’a pas convaincu. Si j’avais à y retourner, cela dépendrait du cas de figure :

  • Soit l’objectif est de faire le sommet en ski : Dans ce cas, chaussures de ski de rando performante au froid (pour tout faire avec une seul paire de chaussures), optimisation du matériel afin de réduire le poids au minimum pour avoir qu’une seule pulka locale pour deux.
  • Soit l’objectif est de faire le sommet à pied : Dans ce cas une paire de raquettes avec des chaussures d’expéditions, et il est possible de se charger un peu plus.
    Toutes les expéditions locales sont en raquettes.

Quoiqu’il en soit, ce fut une grande expérience, riche en émotions et nous nous en souviendrons !

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