Allemagne C'est vous qui le dites !

Voyage en stop et sac-à-dos à travers l’Allemagne et un peu plus loin encore…

Du cul !

Il est des fois où vraiment je ne joue que de malchance.

Pourtant, je suis vraiment quelqu’un de très chanceux. Je me suis souvent dit que j’avais dû avoir une bonne fée qui s’était penchée sur mon berceau.
Cet été, en discutant de l’accouchement récent d’une amie, j’ai appris qu’elle avait dû subir une césarienne car sa fille c’était présentée en siège. « Se sont ses fesses que l’on a vu en premier ! » Ah oui ? Lui dis-je, comme moi !

Et là-dessus, la grand’mère ajouta que les bébés naissant en siège étaient des gens ensuite considérés comme chanceux, comme ayant … Du cul !
Et oui, je confirme, j’en suis !

Ce lundi, le réveil sonne tôt, d’autant plus tôt que la veille au soir j’étais de concert – d’un artiste découvert une nuit, chez une copine, complètement par hasard sur YouTube.
Son improbable jeu de jambes, son costume de scène, ladite scène: un marché quelque part dans Berlin, lui, grand maigre au synthétiseur, les paroles:  »Everybody knows shit fuck, fuck human beings, fuck humanity »’ (je laisse à notre ami Google le soin de vous les traduire) nous ont valu un bon fou rire à en pleurer ! Depuis, il se trouve quelques fans sur Bordeaux ! – que je suis rentrée tard et que je me suis couchée … tôt.

Me voici partie pour une nuit de 4 heures, autant dire une sieste.

On me demande souvent pourquoi je fais du stop: Parce que contrairement au bus, le stop ne se rate pas, lui !
Surtout, tu ne le rates pas à deux minutes près, lui !
Un petit peu d’attente en plus et d’argent en moins et me voici direction Dresden.
Sous le signe de la malchance ma journée continue …
Dresden … Certes, c’est beau, mais c’est aussi et surtout des bâtiments en travaux de construction ! Car la ville fut terriblement détruite suite aux bombardements de 1945. Depuis la ville n’est qu’un vaste chantier en vue de reconstruire tous les prestigieux monuments détruits.

Et puis, je suis arrivée en plein pendant un week-end de festivités …
Des stands de cocktails, de bières, de saucisses, de voitures de sport, d’artisanat local (s’entend Tchèque), de concerts… Bref, la fête avec sa masse à lent mouvement, son brouhaha, ses stands laids à souhait et toujours en surnombres …
Mais, c’est aussi d’excellentes grosses boules au chocolat frites !! Ça c’était le stand artisanat local sympa, vous l’aurez compris !
Et j’ai eu l’immense … consternation d’assister à un lâché de canards en plastique jaunes sur l’Elbe.
Il y a des jours comme ça.

Mais, comme je suis chanceuse ma malchance n’est jamais de longue durée …
Je suis arrivée en fin de journée (Mon Dieu comme elles arrivent de plus en plus tôt désormais !!) dans un superbe endroit, très touristique : le Belvédère de Bastei.
Je traverse l’Elbe avec le petit bateau, suis les touristes, passe devant la caisse où je ne vois personne s’arrêter, me dis que ça doit être pour autre chose, petite grimpette jusqu’à l’entrée où on me demande mon ticket … Quel ticket ?
Ok, de toute façon moi, je ne voulais pas aller là, voyant tout le monde se diriger par-là, j’ai suivi (bêtement) me disant qu’ils devaient sans doute aller au plus beau.
Je redescends, je vois que la caisse est fermée, par curiosité je regarde les tarifs: 22 euro.
Je prends donc la direction voulue initialement et j’arrive dans un endroit superbe.
De nouveau payant, mais l’intérêt de venir avant ou après les horaires d’ouverture, c’est que c’est souvent accessible et toujours gratuit !!
Non seulement ça devient tout de suite plus beau, mais on s’offre le luxe d’une visite quasi seule voire très fréquemment seule.
Et très souvent, c’est également profiter de la lumière du matin ou du coucher du soleil !
J’ai donc pu voir ce que je voulais, c’est-à-dire les rochers, le belvédère, les ruines du château de Neurathen …. Gratuitement. Et toc !
J’ai compris après que le tarif d’en bas s’appliquait au théâtre en plein air se situant en contre-bas du belvédère, d’en haut je pouvais entendre le spectacle et les rires du public.

Alors, n’attendez pas d’extraordinaires photos de ce superbe week-end.
J’ai cassé mon appareil photo la veille de mon arrivée à Berlin, j’attends d’être rentrée pour voir s’il est réparable, donc j’en ai acheté un d’occasion il y a quelques jours histoire de me dépanner.
Or, ce con, s’est allumé dans mon sac à Dresden et s’est déchargé !!!
Il ne me restait qu’une seule barre de batterie, pour ainsi dire, rien.
Obligée de l’économiser au maximum pour les vrais beaux endroits et d’utiliser l’appareil photo de mon téléphone (vous savez ce truc avec de vraies touches pour téléphoner) le reste du temps, qui, ça va sans dire, est très loin des capacités d’un iPhone … Ouais, mais quand il tombe, il ne casse pas !

Le principal, ce sont toutes les images que j’ai dans ma tête. Et il y en a plein car c’était magnifique, le Parc National de la Suisse Saxonne – Nationalpark Sächsische Schweiz.
C’est vraiment très très beau, une forêt pleine de roches de grès rose, gris, par ici des gros blocs comme découpés au carré, là, des boudins empilés qu’on dirait des crottes de cheval géantes ou de wombats géants (cet animal a la particularité de faire des crottes quasiment carrées !).

Caca de wombat
Parc National de la Suisse Saxonne

Des grottes, des crevasses, des fissures, des trous, plus ou moins colonisés par des mousses et des fougères et d’où l’on souhaiterait voir sortir et virevolter fées et autres esprits de la forêt.
Des arbres poussant on ne sait trop comment, juchés sur un bord de bloc, leurs racines innervant la surface de la pierre et enserrant comme des griffes d’aigle la moindre surface pour s’y raccrocher.
Des anfractuosités, des surfaces pareilles à de la dentelle comme sur la côte de Livorno et ça, je trouve ça fabuleux de voir la même chose ici que sur la côte Italienne !

Des marches sculptées à même la roche par l’usure des passages successifs, des échelles et autres escaliers assemblées entre les dédales des roches, passages étroits entre deux immenses blocs afin d’accéder à leur sommet et apprécier de splendides points de vue.
Parfois ça me faisait penser aux Vosges.
L’endroit est connu de tous en fait, car le célèbre tableau « Le voyageur contemplant une mer de nuages » de Caspar David Friedrich est une représentation de ces lieux.

Parc National de la Suisse Saxonne (2)


Étant très fréquentés les sentiers sont parfaitement piétinés … Ce qui les rend absolument parfaits pour marcher pieds nus !
Savoureux mélange de feuilles mortes, d’humus, de sable parfois, de boue souvent ! C’est tellement absolument fabuleux de marcher pieds nus ! Et sur ce genre de sentier beaucoup moins douloureux qu’on veut bien nous le faire croire, j’avais plus mal aux pieds dans mes chaussures que sur le moelleux de l’humus détrempé.
C’est tellement bon de sentir l’eau froide sortir, sous mon poids, du spongieux chemin pour se faufiler à travers mes orteils.
 

Entre les roches, les échelles ont des allures d’œuvres d'Escher
Entre les roches, les échelles ont des allures d’œuvres d’Escher

Ce parc est coupé en deux par la frontière Tchéco-Allemande.

J’ai commencé en Allemagne, dormi pas loin de la frontière, mangé ce midi dans un restaurant en République Tchèque, pour finir le périple en République Tchèque avant de prendre le bac pour l’Allemagne sur l’autre rive !
J’adore l’ouverture des frontières !
Et c’était tellement drôle de voir le petit jeune à une des caisses pour les bateaux (il y a eu deux passages où il était obligatoire de prendre un canot pour traverser la gorge) essayant de jongler entre ses pièces et ses billets en Euro et en Couronne Tchèque.

Ne me demandez pas ce que j’ai mangé ce midi, je ne sais pas.
Déjà, il m’a fallu savoir le taux de change, parce que bien évidemment aucune idée du nom de leur monnaie (Quoi, sont pas en euros ?? Merde, et la Suède et le Danemark ??? Y a comme qui dirait quelques lacunes géopolitico-économiques …. ) et encore moins de ce qu’elle vaut.
J’ai eu un menu en anglais, je me serais peut-être plus débrouillée en allemand, ma copine Géraldine m’ayant traduit pas mal de menus ces deux dernières semaines.
En entrée, une délicieuse soupe de champignons, des cèpes vue le coin, et des pommes de terre.

Puis le plat, une spécialité (j’ai préféré éviter le plat végétarien, composé de camembert ….), du gibier je pense, le nom anglais ne me disant mais alors rien de rien, avec quelque chose comme des airelles ou des cranberries et pleeeeeeiiin de sauce car l’accompagnement était une sorte de knödel : d’épaisses tranches d’une grosse boule de pain blanc cuit à l’eau (d’où la notion de knödel) avec à l’intérieur des morceaux d’autres pains. (Leur nom est knedlíky, ce qui veut dire … Knödel !)
Je ne peux pas dire que ça n’était pas bon, mais j’ai fini par manquer de sauce et pourtant, ils

le connaissent leur  »pain » donc il n’en manquait pas, et ne voulant pas finir déshydratée par ces tranches d’éponge, j’ai dû en laisser une. Mais surtout après, il me fallait encore avoir la capacité de me mouver … Imaginez que je n’ai même pas pu prendre de desserts … Faits maison pourtant ! Et servis avec de la glace à la vanille !

Me voici donc dans le bus du retour. Et quel bus, les bus de Student agency !
Que je regrette d’avoir raté celui de dimanche matin et d’avoir voyagé avec une autre compagnie !
Je ne m’attendais pas du tout à autant de luxe !
Déjà, c’est peut-être un détail, mais il y a un accoudoir entre les deux fauteuils, chose rare ici (autre particularité, je n’ai pu visiter que deux wc en République Tchèque, dans des restaurants à chaque fois, je ne sais pas si c’était une coïncidence, mais il n’y avait pas de loquets !?) et qui me manquait énormément.
Moi qui aurais voulu trouver une prise usb pour pouvoir recharger mon appareil photo (Si, si, au milieu de la forêt on peut trouver des prises usb. Si, si, j’en suis certaine), ici, il y a pour chaque siège un écran, avec prise usb ( ! ), des films, des livres, de la musique, la radio …
Je n’avais pas d’écouteurs, l’hôtesse, oui, il y a une hôtesse, en a distribué à chacun en début de voyage. Depuis je m’écoute du classique ! J’adore.
Et on peut avoir des boissons, chaudes ou froides gratuites. Ah, et j’ai payé 5€ pour tout ce luxe !
Moi, je ne fais que Dresden-Berlin, mais c’est la ligne Prague-Berlin.
Je pense que je vais finalement quand même me renseigner pour un retour en bus … Histoire de gagner un peu de temps et de pouvoir me faire tout leur répertoire de classique !
Je crois dur comme fer en un magnifique été indien (genre chaud, limite caniculaire ! Quoi? Où est le problème ? Je vous rappelle que je vais passer l’automne et l’hiver à Nancy, j’ai le droit de recharger mon corps d’un peu de chaleur) car je compte bien sur quelques baignades à l’océan et au moins une rando dans les Pyrénées avant de retrouver le chemin du travail en novembre.
Si je gagne du temps sur le trajet du retour, sans me ruiner, je compte bien profiter et de mon dernier mois de voyage en Suède et d’octobre dans le sud de la France !
Je suis Joie !!! Mon bus est arrêté en plein sur l’autoroute !! Plus de temps, plus de musique ! Canon and Gigue in D major de Pachelbel …. Rrrrrrraaaah j’adore !!!!!
Ce matin, réveil assez tôt aussi, c’est encore le défaut des trains et des bus, et là j’avais les deux à prendre pour rentrer à Berlin et j’avais encore de la marche à faire sans trop savoir avec exactitude le temps que cela me prendrait, donc pas de temps à perdre.
Mais quel calme cette nuit, au début seulement quelques oiseaux nocturnes, puis plus rien, seulement le silence. Le son du silence.
(L’été de Vivaldi !! Il y a tellement de morceaux géniaux ! Je veux tous les entendre !

Tiens, la Walkyrie ! Vais-je voir Ludwig II de Bavière surgir costumé ?? (Je crois que j’ai quelques séquelles de mon passage en Bavière! ).
Et bien, figurez-vous que je me suis trompée de chemin, la carte qu’on m’a prêtée n’est pas à une échelle très précise, les tracés sont grossiers et c’est bien évidemment là, à mon intersection que plein d’indications se mélangeaient et qu’en plus j’ai mal lu les indications sur les panneaux … J’ai bien dû perdre 1h-1h15 !!
Oui mais, qui dit malchance dit toujours bonne chance ! J’ai trouvé des cèpes !!!!!!
Et au final, je suis arrivée exactement à l’heure que je m’étais fixée au point voulu, avec même dix minutes d’avance si on tient compte de mes dix minutes d’avance sur mon téléphone (celles qui me permettent d’être moins en retard …).

Quarante-cinq minutes, nous voilà repartis après quarante-cinq minutes, je n’en suis qu’à la lettre  »L » de la playlist …. Après d’intenses calculs, je peux assurément dire qu’il me reste une heure de route! Une heure de classique ! Et en prime un magnifique coucher de soleil rehaussé par les vitres teintées du bus.

Que demander de plus ? Une douche, je pue, assurément, puis une assiette de cèpes !
Ça me laisse aussi un peu de temps pour vous parler de ma malchance passée.
La Bavière, sa gastronomie, ses bières, ses paysages et ses châteaux baroques et rococos !!!
Ah mon Dieu mais quel bonheur !! J’adore ça ! Plus il y en a et plus j’aime ça !
C’est surchargé, c’est doré, ça brille, il y a des pampilles, c’est doré, c’est plein d’arabesques, de volutes et de détails, de stuc, c’est doré (c’est que c’est vraiment beaucoup doré), ça semble de mauvais goût, c’est extravagant.

La hutte de chasse

Bref, j’adore, je trouve ça magnifique et je ne peux désormais que vouer un culte sans faille au roi Ludwig II de Bavière pour avoir élevé le Baroque à tel niveau de magnificence et d’avoir su autant apprécier l’Opéra, apprécier est d’ailleurs un bien faible mot lorsqu’on parle de lui et de son Amour pour l’Opéra (que mon correcteur automatique insiste à afficher avec un « o » majuscule. C’est rendre hommage à l’art, assurément.).
Quand on visite son château à Linderhof on découvre qu’il était tellement passionné par les œuvres de Wagner et l’Opéra, qu’il faisait construire les décors imaginés pour ceux-ci en vrai et qu’il se plaisait à y vivre ! Il demandait à ses serviteurs de se déguiser et de jouer des rôles pour s’immerger complètement dans l’ambiance. Un précurseur du GN !
Mon préféré est sans conteste la hutte de chasse issue de l’Opéra de Wagner, La Walkyrie.
Imaginez une sorte d’auberge, cabane de chasseurs en bois, avec des peaux de bêtes, des trophées de chasse et … un arbre en plein milieu !! Le rêve absolu !

Donc, j’ai visité le maximum d’églises et autres lieux baroques et bien évidemment les fameux châteaux de Bavière. Sans le faire exprès, j’ai visité les trois plus beaux Linderhof, Herrenchiemsee et Neuschwanstein et bien évidemment c’étaient des constructions imaginées par Louis II de Bavière !

Église abbatiale de Wilhering (Autriche)
Église abbatiale de Wilhering (Autriche)

(On ne peut pas prendre de photos dans les châteaux à moins parfois de payer un supplément!)

Après avoir passé la forêt noire dans les plus merveilleuses conditions: chaleur estivale, lacs à foison me permettant d’assurer ma toilette baignade quotidienne. Me voilà arrivée au Lac de Constance où le temps commençait à se dégrader et un bref coup d’œil à la météo m’informa que c’était parti pour trois jours de pluie.
Un ça va, mais trois clairement en dormant dans une tente, ça n’était pas possible, je décidais donc de me diriger non pas vers les Königsschlosser, mais vers Munich où là je pourrai trouver un hôte en couchsurfing (des murs, un toit on fait difficilement plus efficace contre la pluie) et des musées où y passer ces pluvieuses journées. Le mauvais temps passé, je pourrai retrouver ma route initiale et mes châteaux !
Le premier jour de pluie est arrivée et moi dessous.
Après avoir passé la nuit dans un verger en bordure de Lindau en Allemagne, me voilà de nouveau sur la route pour me rendre à Munich. Je traverse un pont et là, je découvre que je suis en Autriche.
Ah bah non, je ne veux pas aller en Autriche moi, je ne peux pas tout visiter !
Et la pluie est elle aussi en Autriche !
J’essayais en vain de faire du stop lorsqu’une voiture s’arrêta enfin, la seule de la journée.

Le conducteur me raconte je ne sais pas quoi, je lui raconte je ne sais pas quoi, toujours est-il que quand c’est comme ça, je ne me pose pas de question, je grimpe car je sais que je serai toujours mieux ailleurs que là où je me trouve, c’est-à-dire sous la pluie.
Là, il fait demi-tour, roule à peine cinq minutes au total, et s’arrête … chez lui.
Ok.
Et là, il me propose un café, ou boire quelque chose de chaud, au sec, qu’il connaît ce genre de situation, qu’il est allé aux États-Unis il y a deux ans, qu’il sait ce que c’est que voyager comme ça, qu’il sait comment c’est quand c’est galère …
Ok.
Bon, là de toute façon, le stop c’était la misère, il pleut des cordes, je suis en pleine campagne et pour l’instant il n’a pas l’air bien méchant. Allons-y, on verra bien.
Jordy.
C’est son surnom.
Jordy est un amour.
Super gentil, le cœur sur la main, m’a fait goûter du fromage, du pain, de la bière (non, mais je ne peux pas boire un demi-litre de bière là, comme ça et surtout pas après autant de thé ! Mais si ! Mais noooon !), du speck maison (sorte de lard cru, sec, aromatisé aux herbes et aux épices) et a essayé de me faire goûter de la saucisse à étaler (?).
On a papoté tout l’après-midi, pendant que sa copine dormait dans la pièce d’à côté (j’ai vérifié, il y a avait bien traces de vie féminine dans la salle de bain … Vraies traces de la susdite copine, ou parfaite technique de mise en confiance du parfait tueur d’auto-stoppeuse ? La suite dans au prochaine épisode) et que mes affaires séchaient dans l’entrée.
Il a même essayé de me faire jouer de la guitare !
Il a allumé le poêle à bois exprès pour moi parce que ça fait toujours rêver de se réchauffer contre

Mon carrosse chez Jordy

un feu … même en plein mois de juillet. Même qu’après on avait trop chaud.
Puis, il m’a proposé de rester dormir, ou sinon de me déposer à l’entrée de l’autoroute.
J’ai préféré le confort au sec plutôt que l’inconfort à l’humidité.
Le lendemain, il m’a comme prévu déposé à l’entrée de l’autoroute pour Munich, chargée d’un sandwich pour la route, de son speck (tellement bon que je l’économise, il m’en reste encore un peu !), de conserves de poisson, d’un morceau de fromage … Et de tout son frigo si je ne l’arrêtais pas !

Et d’une photo dans son carrosse façon reine d’Angleterre avant de partir.

Bien sûr, je pouvais aussi rester chez lui pour attendre le beau temps !
Un amour.

Mon speck est très apprécié
Mon speck est très apprécié

Mon premier château baroque ! Enfin !!

Château de Neuschwanstein.
Un sympathique couple de Berlinois m’ont déposée au pied du château, après m’avoir donné des cerises, des petits pois frais, un concombre du potager, un bretzel et plein de très bonnes énergies.
Ils étaient tellement mignons. La fille follement amoureuse de son chéri, à la radio dès qu’il y avait des chansons d’amour elle les lui chantait en le regardant : « I was born to love you ».

Ça a vraiment était un moment très agréable que de faire un peu de route avec eux.
Je descends de voiture, constate que je suis vraiment aux pieds des Alpes et suis totalement extatique devant ces pics face à moi. C’est splendide.
Pas le temps de rêver, je pars d’un pas décidé vers mon rococo tant désiré. Il faut grimper pour accéder au château et pour grimper, ça grimpe. Et j’ai mon gros sac sur le dos, soit au moins seize kilos.
Je suis surexcitée, il s’agit de mon premier château, je suis impatiente de le visiter et ces montagnes qui me font de l’œil me mettent dans un état pas possible. Et il y a plein de balisages preuves qu’on peut y accéder… Oui, mais non, il faut que je visite le château, j’ai mon gros sac, je ne peux pas randonner avec, je n’ai pas le temps et puis et puis, bref, je vais au château.
Arrivée là-haut, je ne vois pas de point de vente de ticket, mais les gens sont bien-là qui attendent.

Je ne comprends pas, je n’ai rien vu avant. J’entends des français et leur pose la question : « Ah bah non, il fallait l’acheter en bas, en plus il y a plein de panneaux partout qui disent qu’il n’y a pas de vente au château » d’un air de dire, grosse débile qui n’a rien vu.
La grosse débile redescend. Ne voit pas de panneaux partout. Mais seulement un seul, très mal pictographié (ce mot n’existe pas et pourtant il désigne parfaitement que leur fichu panneau ne sautait pas du tout aux yeux ! ) et placé exactement là où j’avais regardé totalement de l’autre côté en passant !
Arrivée en bas, je suis encore obligée de demander où se trouve le point de vente. Quand enfin je le trouve, je comprends pourquoi j’ai eu tant de mal, nous ne sommes pas du tout arrivés par-là en voiture, ou en sortant du parking, alors qu’il semblerait que ce soit un peu Le passage obligé.
Je me présente au guichet et là, le couperet. Plus de billets pour aujourd’hui.
Enfer et Damnation.
Pas de billets, je suis montée pour rien (ça grimpait grave !! Zut ! ), il n’est même pas 16 heures. Non, mais qu’est-ce que vous voulez que je fasse dans votre cul de sac pour touristes ?
Randonner !
Des balisages indiquent « Tegelberg : 3h 1/2 ». Je ne sais pas ce que c’est, mais c’est l’indication horaire la plus grande, ça doit forcément être bien.
Mon si précieux Bac S me permet de calculer que je peux aisément atteindre le sommet avant la nuit et commencer la descente avant également.
Validée.
Reste à repérer un coin pour poser la tente cette nuit afin de décoller au plus tôt demain matin pour enfin aller visiter ce château !
Rapidement trouvé, je cache mon gros sac dans le bois et pars vers mes sommets !
Il y a deux chemins possibles pour accéder au château et au départ de ma randonnée, je choisis celui que je ne connais pas encore, loin des touristes, non gravillonné.
Bonne pioche : je trouve 10 euros. Ma visite pour demain est payée !
Je recroise même mes amoureux, et une dose de bonnes ondes, une !
C’était, une ascension superbe ! Ah ça pour grimper, ça grimpait bien là aussi !
J’ai pu découvrir cinq orchidées sauvages, j’ai vu des mouflons (chose rare paraît-il), j’ai grimpé mon sommet puis un autre, et aperçu tant d’autres encore au loin … Ce que c’est grand les Alpes, ce que ça peut me faire rêver ! …

Quelque part au dessus du Neuschwanstein (2)

Finalement, j’ai pu assister au coucher du soleil sur mon pic, je suis donc redescendu de nuit, mais de pleine lune. Et qu’est-ce que c’est agréable aussi de randonner de nuit, tout est changé, les bruits des animaux, les sensations … C’est vraiment à essayer.
Plus de 7 h de marche, environ 1000 m de dénivelé, un retour pendant la nuit, à 23h30 j’étais installée pour la nuit au pied du château, prête pour pouvoir le visiter le lendemain.

Il faudra que je vous parle de Jürgen aussi et de ma, de notre visite du château de Herrenchiemsee.
Mais ça, c’est une autre histoire de malchance !

Petit pois power

Je vais en Suède !

Après avoir dormi dans le silence le plus absolu du Nationalpark Jasmund et qui dit NationalPark dit interdit, donc dit silence. Même les oiseaux ne faisaient pas un bruit.

Réveil à sept heures pour m’apercevoir que finalement j’étais déjà quasiment arrivée au Königsstuhl. J’ai très rapidement eu une voiture malgré l’isolement du lieu et l’horaire matinale. J’en ai profité pour faire quelques courses pour la suite du voyage et pour le petit déjeuner. L’île de Rügen, c’est le bassin d’Arcachon allemand, c’est rempli de personnes âgées ! J’ai donc mangé peut-être le meilleur mohnkuchen de tout mon voyage, sur un banc entourée uniquement de vieux !

Nationalpark Jasmund
Nationalpark Jasmund

Arrivée au lieu d’embarquement, je comprends que mon bateau part à 17h. Il est à peine 11 heures. Je dois venir une heure avant l’heure du départ, je vais donc devoir attendre le bateau cinq heures.

Que faire pendant cinq heures, sur une île, où le soleil brille et où il fait chaud ? Vraiment je me le demande. Depuis hier soir je rêve de me baigner, j’ai eu tellement chaud à marcher avec tout mon paquetage, que la tentation était bien grande, mais la falaise bien plus encore !

Alors que là, en vingt-cinq minutes, j’étais arrivée sur la plage. Chaleur extérieure parfaite, température de l’eau idéale à très légèrement fraîche.

J’ai lézardé toute la journée, j’ai même pris un léger coup de soleil (oui, ma crème solaire est partie par la poste vers la France, la veille avec le reste de tout ce qui devenait superflu pour la Suède et bien trop lourd pour mon dos. Trois kilos tout de même!).

16h48 : Je suis sur le bateau.

Je suis lavée. La tête de la femme à l’accueil lorsque j’ai demandé la clé pour les toilettes des handicapés. Bah ouais, je n’ai pas l’air bien handicapé (quoique avec mes deux sacs j’ai l’air quelque peu engoncé), mais ce sont les meilleurs endroits pour faire sa toilette ma p’tite dame.

Je suis assise au soleil sur une chaise longue.

Dernière mission : trouver une prise de libre où recharger mon téléphone et mon appareil photo.

Appareil photo. Le deuxième, vous savez, celui acheté sur eBay à Berlin parce que j’avais cassé l’autre en y arrivant … Et bien hier, il ne fonctionnait plus ! Ou du moins pas vraiment complètement … Disons que : sable fin + appareil photo ≠ amour. Mais alors pas du tout.

Mais après un démontage en règle, à l’Opinel, sous la tente, à la lampe frontale, il refonctionne … Bon, le zoom fait un bruit de casserole et il ne zoom plus, mais il fait des photos !

Suède !

Trelleborg.
Ça y est ! J’y suis ! Bon, je ne vois rien, il est 21h, il fait nuit noire. Première mission : Trelleborg, de nuit. Trouver où dormir.

Ça y est, j’ai vécu en plein jour en Suède. Premières impressions suédoises :

En entrant dans ma première voiture, j’ai cru entrer dans une bouteille de Paic citron ! Merci l’arbre magique. Et le type n’avait rien d’un grand blond façon viking mais plutôt d’un vendeur de nan Pakistanais (oui, tout cela est parfaitement stéréotypé, mais j’assume).

Bon, il va le cracher le morceau, je sens bien que t’es pas clair, pose-la ta question.

« Euuuuuuuh … I don’t know in english …. Euuuuuuummmmmh … Want you sex ? »
No.
Et là, le silence.
Et là, je savoure la gêne du mec.

Toi, tu es tranquillement installée sur ton siège, dans sa voiture, l’air de rien, décontractée et tu sens qu’il ne sait plus quoi faire. J’adore.

Parce que moi de sa question, j’en ai strictement rien à faire, il aurait pu me demander ce que je pensais des paris hippiques, ou des brocolis ma réaction aurait été la même : je m’en fous.

Réagir sans peur et surtout de ne pas lui demander de stopper la voiture aussitôt pour en descendre le plus rapidement possible, je crois que ça, pour eux c’est le plus incompréhensible de tout.

Mais qu’est-ce qu’ils croient, que je fais finir à pied ??

Je n’espère qu’une chose, que la Suède ne va pas être comme ça tout le temps sinon, ça va quand même vite être casse-pied.

Ma troisième voiture était conduite par un Syrien. Installé depuis presque trois ans, avec femme, enfants et travail, il ne parlait pas un mot de suédois : « Pas besoin tout le monde parle anglais ».

Ça va bien me faciliter les choses ça.

Parce que clairement : Jag talar inte Svenka.

Ils sont très drôles d’ailleurs à ce propos. Beaucoup m’ont dit que je parlais bien anglais … pour une française !

J’ai rencontré un homme aujourd’hui. Un photographe. Un artiste. Quelque part au milieu de nul part entre Valleberga et les mégalithes de Ale (Ales stenar).

Je regardais ses photos en papotant avec lui, lui racontant un peu mon voyage.

Il a jugé que j’étais ‘crazy’ parce que je n’avais pas vraiment de plans, d’organisation, que je voyageais au grès des voitures et des rencontres et que j’avais décidé au dernier moment de venir en Suède, arrivée au nord de l’Allemagne je m’étais dit : « bon maintenant il me reste un mois, je suis ici où je peux aller après ? ». En Suède! Je veux tout voir de la Suède, où que j’aille pour moi ça sera forcément « exotique ».

Et puis alors, là, dormir dans une tente n’importe où en pleine campagne, oui vraiment je suis « a crazy woman ».

Ce mec a des photos qui se veulent être les plus à l’opposé du ‘Summer Sun’.

Ce sont les plus horribles photos du monde!

Avant qu’il ne me donne des explications, je pensais que c’était les photos des pieds d’un sans-abris, prises à la morgue (j’ai une pochette d’album d’extrem brutal death qui a un peu ce genre de trucs dégueulasses dedans, c’est pour ça que j’ai tout de suite pensé à ça).

Je vous laisse donc imaginer l’état de ces pieds.
Des ongles horribles, malades, sales, dégueulasses !
Un cauchemar.
Le détail : un poids suspendu à son gros orteil grâce à une ficelle accrochée à la fente de son ongle.
Si, si. Et il était très fier de vous présenter le susdit poids pour vous en faire apprécier son poids.
Art.
Ce mec voulait symboliser l’opposé du ‘Summer Sun’.
Il l’a fait.
A la perfection.
Et ces pieds. Étaient Ses pieds !!!!
Et après c’est moi qui suis folle !
Heureusement ses autres photos n’étaient pas toutes aussi horribles.

Coucher de soleil sur Ales stenar
Coucher de soleil sur Ales stenar

J’ai pris une grande décision.
J’ai décidé d’arrêter les pâtisseries allemandes. Pour me consacrer entièrement aux pâtisseries suédoises !
Adieu mohnkuchen et autre streusel. Välkommen pâtisseries suédoises !
Et quelle bonne surprise !
J’ai bien ri en entrant dans ma première boulangerie, ils vendaient des kouign amann !
Terriblement appétissants, mais j’ai su résister.
Je n’ai acheté que deux spécialités plus locales.
C’était super bon ! Hyper épicé.

La première, une sorte de sablé aux épices de pain d’épices, mais beaucoup plus piquants et l’autre … J’ai cru lire cardamome : « kardemumma ». A la première bouchée je me suis dit oui, cardamome. Mais après plus vraiment et à la vue, c’était clairement des grains de poivre ! Bref: je ne sais pas.

Ce qui est certain, c’est que c’était super bon et comme j’ai déjà cuisiné une tarte aux poires et au poivre cela ne m’étonne pas plus que ça. J’en ai regoûté depuis, toujours ce même constat de  » C’est trop bon, je ne sais pas ce que c’est, mais c’est trop bon ».

Et ils vendent aussi partout des sortes de boules, un peu plus grosses que des truffes au chocolat et roulées dans la noix de coco râpée. Wouaou ! Ce truc de malade ! Comme c’est trop bon ! Une sorte de mousse au chocolat solide mais avec encore plus de bon goût !

Il faudrait quand même que je me note les noms. Un peu comme pour les amants, ça fait toujours mieux de connaître leurs prénoms.

Et je ne vous parle pas de leurs poissons ! Et des pommes que je ramasse partout, et des poires et des fraises !

Fraises

Je viens de passer deux jours à me régaler de fraises.

Ici, dans tous les offices du tourisme, ils vous rappellent que le camping sauvage est autorisé pour une ou deux nuits et qu’on peut également aller glaner après les récoltes. Je peux vous dire qu’à cette heure-ci, il ne reste plus beaucoup de fraises entre les rangs!

Bon, ces trois premiers jours n’ont pas été très évident pour moi. Après l’Allemagne, j’ai perdu tous mes repères.

D’abord le stop est un peu une institution en Allemagne, ce qui n’est pas forcément le cas en Suède. Puis on m’a expliqué que le sud de la Suède n’était peut-être pas très facile pour le stop, influences Danoises, puis on m’a dit que c’était parce que les gens étaient riches, puis parce qu’ils étaient pauvres, que les Suédois ont peut-être un peu peur …

Tout est démultiplié : les temps d’attente pour avoir une voiture et les distances entre les villes.

Si bien, que j’avais l’impression de ne rien voir, de ne pas avancer, du moins pas autant que je me l’étais imaginé. Et en plus mon sac-à-dos commence vraiment à me peser. Là, quelque soient les kilos en moins, je commence vraiment à les sentir ces deux derniers mois avec ma maison sur le dos (mais comment fait Franklin?!).

Je me suis donc dit qu’il fallait que je fasse le point et que j’essaie peut-être de planifier quelque chose. J’ai donc voulu ouvrir ma carte, complètement, pour pouvoir voir la Suède, en entier.
Je n’ai pas pu ! Ma tente est trop petite, la Suède est trop grande ! (Et la carte est recto-verso !)

Ok, donc là, prise de conscience que clairement je ne vais pas pouvoir tout voir, ni tout faire …
Pas en un mois ! Un changement complet de stratégie s’impose.

Je prends une journée pour me déplacer, puis je pose tout mon barda quelque part et je me barre sans ce fichu sac-à-dos de la mort qui me tue le dos ! Je reste une ou deux nuits au même endroit pour randonner et visiter et ensuite je reprends une journée pour me déplacer/courses/office du tourisme.

De cette façon, j’ai pu visiter l’île d’Öland.

Une île toute en longueur, cent cinquante kilomètres de long. Arrivée la veille, samedi, j’avais déjà pu poser ma tente et me balader un peu dans les environs et profiter d’un magnifique coucher de soleil (et du champ de fraises !).

Je suis alors partie le matin assez tôt pour pouvoir en profiter à fond. J’avais surtout dans l’idée de marcher en levant le pouce, au cas où. A peine avais-je commencé à marcher qu’une voiture s’arrêta. Pour m’amener 80 km plus loin ! Super !

A 10 h, quasiment seule sur une plage immense j’étais à poils dans une eau parfaitement froide, calme à souhait, seulement accompagnée des méduses qui m’entouraient. L’eau d’un bleu profond magnifique, se confondait avec le ciel.

Ce bleu me faisait d’ailleurs penser au bleu de leur drapeau. Coïncidence ? Il me faut aller chercher l’origine du choix des couleurs de leur drapeau. Et un soleil superbe. En été, cette île est envahie par les touristes et ça n’a rien d’étonnant.

L’eau était vraiment très froide, mais une fois que tout ton corps est devenu rouge et complètement insensibilisé par le froid tu ressens une sensation absolument agréable. C’est vraiment très étrange, c’est plus qu’une sensation. Tu sais qu’il fait froid mais en même temps c’est impossible de sortir de l’eau, que tu nages ou que tu sois simplement debout dedans, tu te sens parfaitement bien et c’est seulement absolument bon.

De l’équilibre naturel des choses

Lundi. Je suis sur une île (va falloir s’y faire, c’est un peu le pays des lacs), mais celle-ci fait à peine un kilomètre sur deux, l’île d’Hissö près de la ville de Växjö (je suis toujours incapable de savoir comment se prononce ce mot, j’ai eu beau faire répéter mes chauffeurs je ne comprends toujours pas ce que j’entends par rapport à ce que je lis !).

Ce matin, un routier super sympa m’a permis de faire en une traite toute la route. Car oui, je suis toujours en train de me dire que le stop en Suède ça ne va pas, alors qu’à chaque fois c’est certes un peu plus long qu’habituellement, mais c’est aussi très souvent pour aller directement à la destination voulue ! Et là, c’était trop rigolo de nous préparer du café à la cafetière dans le camion.

Donc, obligatoirement, tout à l’heure je me suis de nouveau baignée. Mais cette fois-ci sans soleil puisque c’était à la tombée de la nuit. Pareil, toujours autant terriblement froid, mais alors !! Qu’est-ce que c’est bon !! Et puis seule, nue, dans un lac immense, avec la fin du coucher du soleil … Quand je pense que cet été va devoir un jour s’arrêter …

Mardi. Vous avez tous déjà entendu parler de l’équilibre naturel des choses, que dans la nature tout à son contraire, qui dit chance dit malchance, que les opposés s’attirent, qui perd-gagne, « rien ne se créer, rien ne se perd, tout se transforme », et bien tout ça c’est du kif-kif bourricot.

En résumé, après une journée de galère tu auras une journée super. Ou l’inverse. Et bien moi, j’ai eu droit à l’inverse.

Après ma baignade au coucher de soleil, je me disais qu’il serait vraiment fantastique de se faire la même chose mais au lever du soleil.

Coucher du soleil sur l'île d'Hissö
Coucher du soleil sur l’île d’Hissö

Oui, mais moi, je ne sais pas à quelle heure il se lève, lui, parce qu’il est déjà relativement haut quand je m’extirpe péniblement des bras de Morphée et douloureusement de mes sacs de couchages (oui, mes sacs de couchages … Car quand j’ai pris la décision de poursuivre ma route vers la Suède pour septembre, je me suis dit que clairement là, il me fallait un nouveau sac de couchage …

Je suis du genre frileuse et après ma randonnée de quatre jours et trois nuits dans les Vosges avec ma copine de Berlin cet hiver – Maud, ce n’était pas en hiver, c’était en juin !! mouais, bon, si on veut, mais il faisait gavé froid quand même ! – j’avais déjà pris la décision de m’acheter un vrai tapis de sol parce que dans les refuges même avec un bon feu, ça reste de parfaits Notre Dame des courants d’air, je me suis gelée ! Sauf le soir où j’ai dormi sur la luge brancard en bois trouvée dans un des refuges !

Je suis alors passée de 1 cm de mousse plastique à 6 cm d’air et de je ne sais quelle technologie qui tient chaud …

Après plus de deux heures à essayer presque tous les sacs de couchage du magasin (oui, à Berlin, tu peux choisir le matelas de sol qui ressemble au tiens, tu le poses sur un lit de rondins de bois, puis tu t’allonges dessus avec le sac de couchage à tester !), j’ai opté pour un chaud comme le mien mais beaucoup plus léger et plus compressible, comme ça pas besoin de se trimballer toujours un gros paquetage ou uniquement un sac super chaud en plein été. En terme de poids et d’encombrement je me retrouve donc avec le même équivalent que si j’avais acheté un super chaud … mais deux fois moins cher (et Bon Dieu que c’est cher !!).

Je me suis dit qu’il serait bien alors d’essayer de se lever tôt le lendemain, vers 6 heures pour voir ça (heure qui me paraissait bien raisonnable pour un levé de soleil de début septembre … Et puis plus tôt, c’est vraiment trop tôt). Ouais, mais bon, comment dire, c’est quand même tôt … Et en plus je ne suis pas couchée et il est déjà plus de minuit passé. C’est mort, pas le courage.

Oui, mais ça, c’était sans compter sur mon cerveau horloge : à 6 heures Monsieur nous a réveillé.

Bon, et bien maintenant que t’es réveillé gros malin, va expliquer au reste du corps que tu voudrais bien ne serait-ce que sortir un bras des sacs pour essayer d’enlever le bandeau de nuit (oui, je dors avec un cache lumière, sinon, c’est tous les matins que cet idiot nous réveillerait avec le lever du soleil ! Pas certaine de bien accueillir l’ami Ricoré tous les jours) pour essayer ensuite d’ouvrir un œil pour voir où qu’c’est qu’il en est le soleil dans toute cette affaire.

Bah, il est là. En tout cas, de l’intérieur de la tente c’est bien tout clarteux au-dehors. Mais clarteux comment ? Allez Maud, t’es réveillée maintenant, tu voulais savoir, tu ne vas pas  t’arrêter si près du but. Cerveau. Je te hais.

Mais maintenant, nous savons qu’il n’y a pas de levé du soleil puisqu’il y de la brume partout. Tout est blanc, un rideau blanc, rien à distinguer, rien à voir, circulez, retournez-vous coucher.

A 8 heures, heure normale pour se réveiller, je me réveille à nouveau. Comme tous les jours, je commence par ouvrir un peu les portes de la tente pour voir au-dehors ce qu’il en est. Et là, je ne comprends pas ce que je vois. Impossible de distinguer l’eau du ciel, du sol.

La brume est toujours là, mais elle se lève doucement sur l’eau permettant au soleil de commencer à darder ses rayons à travers elle. C’est magnifique. Impossible de résister. Pourquoi résister ?! Allez hop ! A la flotte !

Rrrrhhhhaaaaaaa … Mais quelle extase ! Seule dans l’eau qui n’a pas du tout réchauffée pendant la nuit. Malgré le froid et la nage, j’essaie de faire le moins de bruit possible en respirant : pas un bruit, pas un son, pas un murmure, l’eau est absolument parfaitement calme, à croire que même les poissons et les oiseaux sont encore au lit.

Les yeux au ras de la surface de l’eau, je contemple d’infinies bulles piégées sur celle-ci et la brume omniprésente. Un délice. Le soleil est déjà haut, tout semble se réveiller doucement. De-ci, de-là, je vois les ondes concentriques ou les bulles d’un poisson. Tout n’est que symétrie à la rencontre de l’eau. La brume se lève doucement, c’est l’heure d’aller petit-déjeuner sur la plage.

Lever du jour sur l'île d'Hissö
Lever du jour sur l’île d’Hissö

Après avoir déjeuné chez un de mes chauffeurs de délicieuses pâtes à la bolognaise et aux girolles ramassées et cuisinées par Magnusen, je suis de nouveau sur la route. C’est beau, succession infinie de lacs et de forêts, mais c’est un peu au milieu de nul part.

Je marche depuis près de trois heures lorsqu’enfin une voiture s’arrête. Il ne va pas beaucoup plus loin, mais si j’attends un peu qu’il finisse de travailler, il pourra m’emmener à la prochaine ville.

Pas de soucis, je lui demande s’il y a un lac à côté d’où il va travailler pour pouvoir m’y baigner si l’attente est longue. Elle ne le sera pas. Et nous irons nous baigner ensemble après!

Dans sa voiture, il m’explique qu’en Nouvelle-Zélande où sa sœur vit, il a pris une française en stop, et elle a chanté pour lui. Est-ce que tu peux chanter pour moi ?

Euh, oui, mais euh, je ne sais pas quoi là, comme ça. Une seule chanson me vient en tête : Ragougnasses (chanson dégueulasse) des Amis d’ta femme. « Sounds good ». Je veux mon n’veu ! Et encore, tu ne comprends pas les paroles !!

Lui me chantera l’hymne suédois … Mattias, avait très envie que je dorme dans la chambre de sa fille et de me faire manger quelque chose … 16h25 : tu es certaine que tu n’as toujours pas faim ?

Euh, non ça me semble un peu tôt. A moins que nous partagions la même définition de cette expression … possible vu ses yeux qui pétillaient et son sourire coquin.

Non, vraiment merci, je n’ai pas faim.

J’ai eu raison de ne pas rester manger avec Mattias. Car grâce à ça, j’ai pu être prise en stop par Eriket … qui comme ça seulement pour le plaisir m’a conduite une heure en Harley Davidson jusqu’à Gränna.

Easy rider !
Easy rider !
Je veux que tous les jours soient comme celui-ci.
Je veux que tous les jours soient comme celui-ci.

Oui mais, oulala, attention, va falloir nous rééquilibrer tout ça ma p’tite Dame, ce n’est pas bon ça pour l’équilibre naturel des choses, vous allez tout nous faire péter comme ça, va falloir vous mettre un peu de négatif là’dans.

Après cette virée à moto, j’avais froid et une fois n’est pas coutume, je décidais de gonfler mon matelas de sol directement après le montage de la tente et de manger assise dessus. Et c’est bien évidement là que le rééquilibrage s’est déroulé et qu’il a fait tomber tout le jus de mon stekt strömming (filet de hareng pané, donc probablement frit, puis mis dans une sorte de sauce au vinaigre sucré) sur et sous le matelas. Et bien sûr, c’était une des rares fois où je n’avais quasiment plus ni papier toilette ni mouchoirs. Merci les gars, c’est bon, c’est rééquilibré.

Mercredi. C’est rééquilibré mais quand même on a encore quelques réglages à faire. Deux voitures. Uniquement deux voitures et pour à peine un total de quinze minutes de route avec elles.

J’ai dû marcher, pas longtemps, peut-être quatre heures en tout … Mais avec ce sac qui me broie le dos et les épaules, c’est un chemin de croix, ne me manquait que la couronne d’épines. Je savais qu’il était risqué de prendre cette petite route, mais quand même ! Ça n’est pas comme s’il n’y avait pas eu de voitures en plus !

Bon, ça n’était que de petits réglages, en chemin, j’ai pu croiser un camping où j’ai fait le plein de poires (bah oui, un sac c’est fait pour être rempli, pour y mettre du poids, plein de poids, beaucoup de poids et des poires feront parfaitement l’affaire !) et où je me suis lavée.

Et j’ai vu des choses sympa : Superbe point de vue depuis Hjässan sur le lac Vättern et la pierre de Rök (Rökstenen) une pierre runique sur laquelle est gravée la plus longue inscription runique connue.

Rökstenen
Rökstenen

Jeudi. C’est vraiment enquiquinant cette affaire d’équilibre-chance/malchance.

Tout va bien, j’ai des voitures, je vais rapidement où je veux, j’ai refait le plein de bouffe, j’ai acheté du poisson cuisiné, je vois de belles choses. Rien à redire.

Et voilà, que je tombe sur un conducteur qui me propose de camper dans son jardin, dans la ville que je veux visiter afin de ne pas à avoir mon gros sac à porter.

Il me propose même de prendre une douche (non, mais c’est bon, suis propre, la dernière date d’il y a à peine une semaine et j’ai pris plein de bains, des vrais hein, toute nue !) et de laver mon linge (non, mais vraiment, je suis large, il me reste deux culottes propres et je porte le même pull depuis … l’Allemagne (les autres sont trop chauds et je suis certaine que personne n’a encore distingué les taches (alors de quoi, ça ??) façon test de Rorschach sur mes manches et le bas du dos. Il devait être vraiment bien plié ce jour-là).

Comble de ma malchance, en rentrant de ma visite, il m’a même proposé de manger avec eux ! Mais mec, ce n’est pas possible, j’ai fait les courses moi, j’ai du poisson qui m’attend. Bah, il attendra.

Me voilà donc douchée, mon linge propre et sec est plié dans mon sac, le repas était délicieux et j’ai bu un bon verre de Côte du Rhône bio, j’ai l’électricité dans ma tente, si j’arrivais à déchiffrer le code qu’il m’a donné, j’aurais même le wifi.

Et demain, il va me déposer sur la route principale. Mais pas avant onze heures, il a bu du vin ce soir (ça ne plaisante pas avec l’alcool en Suède !). Non, vraiment, ça n’est plus possible.

Franklin à Rostock
Franklin à Rostock

5 commentaires

Vanessa

Très jolies tes photos, et ton récit, certes un peu long, vaut la peine de se demander si voyager en stop ne serait pas simplement la meilleure des manières pour se faire…

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faurie mireille

reportage vivant culture et poësie, belles images observations interessantes cela donne envie de partir!

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Monique

Moins un récit de voyage qu’un butinage d’anecdotes et de moments choisis. Une femme encore connectée avec le confort de la civilisation, nous fait gouter à ses grands moments de prédilection : seule face à la nature. On envie son insouciance et sa force de caractère.

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Make My Trip

Super votre récit, ainsi que vos photos ! 🙂 faut s’accrocher pour l’autostop c’est pas toujours facile

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