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Sur le GR 10

Le plaisir de marcher, de bivouaquer en pleine nature, sur un sommet, au bord d’un rivière, par beau temps, ou mauvais temps …

Ces clichés sont pris à quelques pas du refuge de Baysselance, le refuge le plus haut du GR 10 à 2 651 m d’altitude, entre les vallées de Gavarnie et d’Ossoue dans les Pyrénées centrales.



J’aperçois le refuge de loin, un signe rassurant dans le paysage sauvage et rocheux, après avoir franchi le col Horquette d’Ossoue sous une pluie légère et un fort vent de montagne. Le bruit du glacier du Petit Vignemale gronde dans la distance, faisant trembler la terre sous mes pied fatigués. 

Quelques tentes sont installées sur la colline en approchant le refuge, chacune cachée derrière un petit demi-mur de pierres, abri de fortune comme en préparation d’une attaque frontale d’un ennemi encore invisible. Il n’est que 16h mais la plupart des emplacements sont déjà occupés. L’ambiance est bonne même si la fatigue est très présente sur les visages de ceux que je croise. Personne ne se doute de ce qui nous attend cette nuit. Je trouve rapidement un emplacement un peu à l’écart des autres, doté d’une vue majestueuse sur toute la vallée et les cols alentours. En fixant les piquets, j’entends une conversation, apportée de loin par le vent, des randonneurs qui grimpaient le Crête du Petit Vignemale situé à quelques centaines de mètres en face à une altitude de 3 032 m. J’entends chaque mot qu’ils murmurent notamment celui d’une randonneuse qui demande – à juste titre me dis-je – de revenir au camp, la météo étant en train de vite se dégrader … mais ils continuent et je vois leurs silhouettes disparaître doucement derrière la montagne.

Le vent accélère, ma petite tente rouge Hilleberg poussée à droite puis à gauche mais elle tient. Je réchauffe mon dîner à côté de ma tente assis derrière le petit mur de pierres qui bloque efficacement les rafales de vent.



La nuit tombe vite et le vent continue ses ravages incessants. Le doute s’installe avec le bruit de la tente qui bat le vent. Je pense au refuge à quelques centaines de mètres de mon emplacement au cas où. Le noir est total, le vent souffle toujours plus fort comme si le mur de pierres n’existait plus.

Je ferme mes yeux pour quelques instants, mon corps épuisé par l’effort de la journée, mais je suis rapidement réveillé par les claques de tonnerre qui me font littéralement bondir de la terre. Une pluie battante arrive. J’allume ma torche pour vérifier ma tente. Elle tient. J’ouvre légèrement la tente intérieure pour rapprocher mes chaussures de marche et à cet instant une araignée monstre tente sa chance pour échapper à l’orage. Je la cherche désespérément dans le noir, sous mon sac de couchage avant de l’écraser sans pitié.

La nuit s’allume en rouge, la couleur de ma tente et les claques de tonnerre continuent juste au-dessus de ma tête. J’ai une pensée morbide en pensant aux bâtons en aluminium qui tiennent ma tente et les éclairs… Enfin, l’orage passe. Je sors de ma tente juste avant la levée du soleil, rassuré de voir que la tente est en bonne condition, ce qui n’est visiblement pas le cas pour certains plus loin autour du refuge. Dans la distance je vois une petite lumière en mouvement, un randonneur déjà engagé sur le GR 10, marchant dans l’obscurité totale à vive allure dans le brouillard matinal.

Une nouvelle journée de marche m’attend.

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