C'est vous qui le dites ! Suède

Sentiers de rennes dans le Jämtland

Enafors, le contrôleur, képi et costume noirs nous guette d’un air amusé, puis donne un coup de sifflet perché sur son marche-pieds. Les portes se referment et le train s’enfuit, nous laissant seuls sur .. quoi ? Le quai ? Gros éclat de rire ! Il n’y a pas de quai, ni même de gare. Nous sommes deux amoureux bâtés comme des ânes, morts de rire et juste émus et heureux d’être paumés dans le Jamtland, pampa suédoise à deux pas de la frontière avec la Norvège.

Itinéraire dans le Jämtland - Source Google Map
Itinéraire dans le Jämtland – Source Google Map

Là il y a trois baraques en bois, et pas un chat. Ça bruine, et il y a des arcs en ciel splendides 19 heures, le soleil se couche dans 4 heures et on a largement le temps de se trouver un spot pour passer la nuit.

Jämtland

On longe une impressionnante chute d’eau et c’est pas possible ! Je ramasse une énorme poignée de pieds de moutons. Ça va être génial pour l’apéro !

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A peine plus loin on atteint un plateau et on pleure.

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Des lacs s’étendent à perte de vue. Autour de nous, pas une route, pas une construction, à l’horizon rien qu’un paysage de forêts, de plaines et de lacs. C’est comme dans un documentaire, c’est le spot idéal pour planter la tente. Il y a des tapis de bruyères et de mousses, puis un petit bois de bouleaux pour accrocher les sacs de bouffe plus loin, on a entendu dire qu’il pouvait y avoir des ours …

Le lendemain, c’est galère. Avec notre carte achetée à Trondheim en Norvège, on pige le caractère scandinave farceur entre norvégiens et suédois (qui s’applique aussi réciproquement d’ailleurs). Sur la carte (au 1/50000, mieux n’existe pas … ), il y a pas beaucoup d’infos, y a pas de balises non plus. Alors on suit un point rouge peint de temps à autre sur un arbre, puis de temps en temps on se rend compte qu’on s’est planté et qu’on suit un sentier de renne. Raaa les moustiques merde.

Bref, enfin on arrive à Fjällstation Storulvån, un big refuge, comme tu en as jamais vu avant …

En chaussettes (c’est comme ça qu’on fait en scandinavie) on se boit un kola suédois et une bière du Jämtland et tiens, la serveuse, on la connait ! C’est elle qui s’était arrêtée hier en voiture alors qu’on rejoignait Handöl pour nous proposer de nous avancer un peu plus loin. Non, merci on va continuer à marcher, c’est pas très loin. « Ah ! Vous êtes passés par là ? Mais personne ne fait ça en fait … Ici, c’est le point de départ de beaucoup de randonnées, vous allez voir, à partir de maintenant le balisage c’est bien plus simple ».

Le lendemain, en réalité, on a très vite eu envie de sortir des sentiers battus pour se retrouver rebelote à suivre des traces de rennes que l’on perd de vue au moindre marais. On sent leur regard qui nous observe de loin. Là où on va, il n’y a pas un seul arbre, aucun bruissement, pas de vent. C’est un silence déconcertant qui règne, pas un humain croisé en 24 heures .

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Les paysages sont complètement dépaysants. Il y a un petit semblant d’Alpes, et c’est si vert en août. Il y a encore des névés.

Plus loin on se retrouve à suivre une partie du Fjällmarathon qui a lieu chaque année, et JB dévore des barres de céréales qui ont sauté des poches des coureurs. A part deux petits ravitaillements dans des refuges qu’on devait absolument atteindre pour acheter les cartes avec la suite de notre itinéraire, on est en autonomie totale, JB a même sa canne à pêche et un panneau solaire sur le dos. On se lave dans les rivières et les petits lacs, puis on fait un brin de causette avec des randonneurs. A l’apéro il y des champignons et au dessert, on mange des myrtilles.

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Le dernier jour, c’est notre étape la plus longue. On a cafouillé avec les réserves d’eau et il a fallu bouillir celle du lac de Stor-Offsjön qu’on a fini par atteindre dans la soirée, après avoir trouvé close la porte du refuge de Hållfjället et dépassé notre étape du jour de 5km. Et dire qu’on comptait dessus pour savourer notre dernière soirée et goûter au véritable sauna suédois !

On déplie une dernière fois la Hubba Hubba et on grignote notre ultime carreau de chocolat en guise de consolation. Ça repart ! N’empêche que c’est génial, on en a pris plein les mirettes ! Tu te rends compte ?

Pas vraiment… C’est seulement une fois dans le train-couchette pour Stockholm qu’à travers le regard admiratif du père et de sa fille avec qui on partage notre cabine et à qui on raconte une partie de notre aventure que l’on réalise que c’était dingue ! Et qu’on sent aussi atrocement le feu de bois…


Photos : JB – Texte : Yz

2 commentaires

Rebeyrotte

Excellent reportage! on s’y croirait! bravo les amoureux des grands espaces solitaires et des paysages de folie! la nature sauvage parait parfois hostile mais est aussi une maîtresse de Sagesse qui nous porte à la contemplation et à l’émerveillement indéfiniment renouvelé.

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Rebeyrotte

Très bon récit. Au premier mot on plonge avec les amoureux dans la Norvège sauvage !

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