C'est vous qui le dites ! Suède

Padjelantaleden : fais pas ton Renne !

Juin, nous squattons chez des amis, Benoit rentre d’un mois de terrain ornitho à Christmas Island, les grèves se multiplient dans les transports et les heures s’accumulent. Pour ma part je sors d’un mois de travail ardu sur des projets de communication délicats, des heures à rallonge… Nous nous voyons peu et le moral est en berne ; les vacances en amoureux s’imposent.

Trek sur la Padjelantaleden - Laponie Suédoise
Trek sur la Padjelantaleden – Laponie Suédoise

Les idées de destinations surgissent :

Grèce…Trop chaud, nous aimons le froid ! Portugal… idem,
Irlande… déjà fais,
Allemagne… déjà vu,
Lituanie…ah ! Pourquoi pas ? A 30€ l’aller-retour par personne… j’ai bien envie de cliquer sur « commander »… mais Benoît intervient…
« c’est plat et t’as envie de montagnes… je vote pour la Suède ! »
OK ! Clic ! Commande !

Départ 19 août – retour 4 septembre

  • Beauvais/Stockholm – Stockholm/Beauvais.
  • Itinéraire tracé : check !
  • Guides et cartes en poches : check !
  • Rations préparées à la calorie près : check !
  • Sacs pesés et compactés : check !
  • Bagages enregistrés : check !
  • Avion décollé : check !
  • Couplé crevé : check !
Stockholm - Suède
Stockholm – Suède

Stockholm, cœur historique, la navette nous dépose ; notre seule nuitée reversée à l’avance nous attend dans une auberge de Jeunesse.

L’hôtesse nous demande notre nom…
– Pas de réservation
Nous sommes debout depuis 5h30  ce matin…, je rectifie et donne mon nom de jeune fille
– Pas de réservation
Je montre le mail de confirmation sur mon téléphone
– Pas de réservation
Je m’agace…
Je demande à revérifier…
– Ah ! Voilà la réservation  mais Madame elle n’est pas pour aujourd’hui c’est pour dans un mois, jour pour jour et il se trouve que nous sommes complets ce soir !

Aaaaaarggggggg…… pourquoi ça ? Pourquoi moi ? Les vacances s’annoncent compliquées…

22 août, c’est le grand jour, 22h, nous embarquons dans le train de nuit direction…. le Nôôord ! Nous attendons ce moment-là depuis … depuis longtemps.

A nous la Laponie Suédoise !

Au programme la Padjelantaleden, une randonnée de 140km au Nord du cercle Arctique, que nous prévoyons de faire en autonomie pendant 8 à 10 jours en fonction des conditions et de notre rythme de marche qui risque d’être fortement altéré par nos sacs de 30kg pour l’un et 15kg pour l’autre.

Nos dernières « vraies » randonnées avec ce poids sur le dos remontent à notre voyage et sessions terrains en Amérique du Sud, c’est à dire 4 ans auparavant. Depuis notre condition n’est plus la même… et c’est bien la seule certitude que nous avons à l’approche de Boden.

Escapade en Laponie - Suède
Escapade en Laponie – Suède

Escapade dans le Padjelantaleden

Nous effectuons un changement rapide, un saut sur le quai pour remonter dans le train d’en face qui nous mène jusqu’à Murjek, village de 80 habitants au milieu des forêts.

De là un bus nous transporte à Jokkmokk, village Sami par excellence. Les Sames ou Samis sont les autochtones de Sapmi, la Laponie. En Suède ils sont 20 à 35000, et plus de 10 % d’entre eux sont éleveurs de rennes. Jokkmokk nous plait, ce village arbore un air de bout du monde qui nous rappelle quelques villages patagoniens.

Un dernier bus nous permet d’arriver au point de départ de notre évasion estivale, la Padjelantaleden.

A Kvikkjokk 8-10 maisons, pas plus, et la Fjällstation où nous décidons de loger dans un dortoir pour la nuit. Le 1er village avec des commerces et une école est à plusieurs dizaines de kilomètres.
Ce soir-là une bonne douche, la prochaine ne sera pas prise à priori avant 8 ou 10 jours, et un bon plat de pâtes.

Le lendemain, un petit bateau doit partir à quelques centaines de mètres de là pour nous déposer au point de départ Sud de la Padjelantaleden. En hiver, avec les rivières et lacs gelés, nous aurions pu traverser à pied, mais au mois d’Août la Laponie est encore bien humide. Au matin, panne d’électricité générale dans le hameau et les vallées environnantes, nous dit-on. Donc plus d’eau aux robinets et donc pas de quoi préparer notre 1ere ration matinale constituée de 100g d’avoine, 45g de lait de chèvre en poudre pour bébés, de 35g de fruits secs  et de 5g de poudre de fruits rouges lyophilisés, à moins d’aller trouver de l’eau dans le torrent en contrebas…

Nous nous contentons donc du reste de spaghettis froids de la veille, en les trempant dans du yaourt à la vanille… autant dire que nous mangeons en un temps record… Après ce délicieux en-cas, nous embarquons à bord du bateau qui s’avère être une barque légère à moteur.

Nous sommes les seuls à bords, la randonnée s’annonce comme nous les aimons…. vierge de tout autre humain.

24 août, 10h15 la Padjelantaleden s’offre à nous

Les deux premiers jours, nous foulons les chemins d’une forêt lumineuse, aux couleurs printanières mais aux tonalités automnales. Les zones humides se font de plus en plus nombreuses et les planches au sol, pour éviter la dégradation des tourbières, avec. Nous enchaînons, les traversées de rivières par des ponts de singe, et les ramassages de myrtilles.

depart

Le troisième jour nous offre des vues à couper le souffle, et des rencontres inespérées. Nous découvrons et faisons le choix de pic niquer au pied d’une petite maison qui jaillit de nulle part, elle est là posée dans une prairie aux milliers d’épilobes. Plus tard nous tombons nez à nez avec ceux qui deviendrons nos meilleurs compagnons de route : les rennes, au comportement plus qu’étonnant.
Puis nous faisons la rencontre d’un des gardiens de refuges, nous partageons un moment chaleureux et continuons notre chemin pour trouver le campement idéal au bord du prochain lac.

Nous souhaitons réaliser cette randonnée en autonomie et portons donc l’équivalent de 14kg de nourriture judicieusement calculée par Benoit. Nous pouvons nous appuyer sur un équipement  de qualité.

ker

Les deuxièmes et troisièmes jours nous arrêtons notre marche prématurément, car mes douleurs aux pieds deviennent insurmontables. Au départ de France j’ai dû faire le choix entre mes 3 paires de chaussures de randonnée, pour limiter le poids dans le sac. Une paire de chaussures basses de marque française, à la tenue insuffisante au vue du terrain que nous pouvions rencontrer, une paire de chaussures d’été déjà bien faites, à la semelle relativement souple et enfin une paire de chaussures italiennes orientée alpinisme, à la tenue parfaite mais que je n’ai pas encore beaucoup utilisée. J’ai opté pour les dernières, mais dès le deuxième soir je doute de la pertinence de mon choix.

Le 4ème jour nous réserve de pures merveilles, les paysages nous rappellent à la fois les Cairngorms (Ecosse), la Patagonie (Argentine et Chilienne), la Nouvelle-Zélande et aussi les Iles Kerguelen.

ker2

Les soirs, après avoir parcourus entre 13 et 23km, nous installons notre campement, près des nombreux lacs et rivières, dans les cols, sur des rochers ou encore en bord de forêt.

5eme jour

Le silence et l’isolement nous ravissent. Près du feu, nous nous rappelons les rennes et leurs comportement si surprenant, les quelques personnes croisées sur les sentiers, les villages samis, les paysages à couper le souffle, mais surtout nous profitons du moment.

4eme jour

Les jours suivants nos sacs étant plus légers et notre condition physique améliorée, notre rythme de marche s’accélère prodigieusement.

Les conditions climatiques sont très changeantes, c’est la fin de l’été et cela se ressent. La neige tombe une centaine de mètres au-dessus de nous plusieurs nuit d’affilé, nous essuyons de grosses pluies quelques nuits, et quelques journées aussi. Nous aimons cela (le matin quand il s’agit de ranger la tente trempée un petit moins !). Nous nous sentons revivre…

Trois jours avant la fin nous réalisons que le retour vers la capitale approche. Notre rythme nous permet de terminer la randonnée en 8 jours, mais nous avons des rations pour 10 jours et aucune envie de rentrer. Nous décidons non pas de ralentir la cadence, mais de marcher sur des demies-journées, ainsi nous profitons pleinement des alentours une fois le campement installé.

nous2

1er septembre, nous montons sur le bateau direction Ritsem. Nous n’avons pas cessé d’être au contact de l’eau tout au long de la Padjelantaleden et pourtant nous nous régalons comme au premier jour sur ce lac immense.

Dans le bus qui nous ramène vers le Sud, vers le bruit et l’agitation de la capitale, nous sommes déjà nostalgiques.

Les rennes, qui courraient par troupeaux entiers vers nous, puis dans une autre direction et revenaient vers nous de plus belle, nous ont offert des moments de bonheur inoubliables. Les nombreux individus solitaires, adultes comme bébés adoptaient ce même comportement curieux, craintifs, mais surtout très indécis… à se demander s’ils n’étaient pas plusieurs dans leur tête !

rennes

La dernière nuit revient en boucle dans nos pensées. Depuis le petit refuge de montagne inoccupé ou nous nous sommes repliés à cause de la pluie nous avons assisté à une aurore boréale… inattendue et merveilleuse !

refuge

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