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La Traversée des Alpes en solitaire en moins de 10 jours

Initialement j’avais prévu un tour d’Europe des plus beaux treks de Septembre 2019 à Septembre 2020. L’idée était de découvrir de nouveaux endroits, de nouvelles montagnes… tout ça seul, en autonomie et en favorisant le stop et les transports en commun entre chacun des treks. L’histoire avait bien commencé, en Suisse, en Italie, dans les pays Balkans, en Grèce puis de l’autre côté, au Portugal, en Espagne et enfin jusqu’en Sardaigne et en Sicile en Mars dernier… Au moment où j’ai compris qu’il fallait rentrer à cause de la crise, j’étais vraiment déçu. Déçu de ne pas pouvoir continuer mon projet qui me tenait tant à cœur mais aussi déçu de passer d’une immense liberté à un retour entre « 4 murs ». Ceci-dit, étant quelqu’un de très positif, je me suis très vite dit que c’était la même chose pour tous et qu’il y’avait bien plus grave. Les semaines passent, et je prépare tous les GR de France qui m’intéressent pour le post-confinement dont un en particulier : le GR5. Le GR5 c’est 2200km de la Mer du Nord jusqu’à la Mer Méditerranée en passant par les Alpes Françaises. Et c’est justement cette partie qui m’intéresse, 580km et 34 000m de dénivelé positif pour rallier le Lac Léman (Saint-Gingolph) à la Mer Méditerranée (Nice) en passant par les différents massifs des Alpes !  

Etant passionné d’ultra trail et de treks, je mélange alors mes deux passions pour me lancer le défi de réaliser cette Traversée des Alpes en moins de 10 jours, seul et sans assistance !

Mon parcours

Je savais que j’étais en forme cet été, mais je n’avais encore jamais enchaîné plusieurs journées d’environ 60km et 3400m de dénivelé positif. Pourtant, même si cela me paraissait ambitieux, je savais au fond de moi que c’était possible ! Pour mettre toutes les chances de mon côté, j’ai donc optimisé au maximum le poids de mon sac : 4.5kg sans eau et sans nourriture.

Mon équipement

Pour arriver à ce poids, je fais le choix de manger froid (semoule essentiellement) mais aussi de dormir sous Tarp ou en refuge non-gardé lorsque c’est possible (4 nuits sur 9). Enfin, pour ce qui est de l’eau j’avais un filtre et pour la nourriture, il y’avait de quoi se ravitailler tous les jours ou tous les 2jours sur le parcours.  

Le 8 Juillet 2020 à 5h30, l’aventure commence… ! Pour cette première journée, j’ai parcouru 59km et 4300m d+ à travers les sentiers du Massif du Chablais et du Haut-Giffre, de quoi bien se mettre en jambes ! Il fait beau et chaud, je profite !

Vue sur le Lac de Neuteu au-dessus du Lac Léman

) Le lendemain rebelote, le même genre d’étape avec une superbe vue sur le Massif du Mont-Blanc, un vrai régal. Et même si je connais déjà très bien cet endroit, le plaisir reste toujours le même face à cette vue !

Montée au sommet du Brévent avec le Mont-Blanc en arrière-plan

) Le troisième jour, une fois passé au Col du Bonhomme, me voilà partis à la découverte des nouveaux massifs, je ne connais désormais plus aucuns endroits hormis les passages de Tignes à côté de la Vanoise et de Ceillac dans le Queyras. Ce jour-là je suis passé à côté de la fameuse Pierra Menta,  un sommet mythique du massif du Beaufortain qui vaut le détour.

Le sommet de la Pierra Menta

Il fait très chaud et les orages sont prévus pour le début de la soirée, je suis fatigué, j’avance doucement vers la Vanoise où il est interdit de bivouaquer, je me demande alors où est-ce que je vais dormir… L’orage arrive vite ! Je jette donc un œil plus précis sur la carte sur mon téléphone, un abri y est annoncé à moins d’un kilomètre, quelle chance ! Une fois sur place je me rends compte que c’est un chalet privé avec un abri extérieur pour se « protéger en cas d’intempéries ».

Jeu de lumières entres les averses

Au bon endroit, au bon moment…merci ! 5 minutes plus tard, il pleut déjà, mais le pire a été à 23heures lorsque qu’un éclair m’a réveillé par son flash lumineux a moins de 600mètres juste en face de moi ! J’étais si content d’être à l’abri que je souriais bêtement face à la pluie battante avant de me rendormir. 5h30, réveil habituel, départ à 6 pour la 4ème journée dans une ambiance brumeuse et nettement plus fraîche que les jours précédents, ça change ! Cela me correspond bien et je continue sur un bon rythme, toujours dans mes prévisions.

Le 5ème jour est quant à lui marqué par le retour du beau temps mais surtout par l’apparition en début d’après-midi d’une douleur au pied droit quasiment à chaque pas… Cela devient vite dur, et je ne suis même pas à la moitié du parcours… Heureusement, cet après-midi-là les sentiers suivaient beaucoup les lignes de niveaux et il n’y avait donc pas beaucoup de dénivelés. Une fois arrêté le soir, c’était dur mentalement. Dur de ne pas savoir s’il le lendemain il fallait que je m’arrête à Modane ou que je continue et tente ma chance.

La vue depuis mon bivouac

Au matin du 6ème jour, je pars tard, il est déjà 7h et la descente sur Modane se passe mal, la douleur est encore bien trop présente… Pourtant je me dis, « continue, tente ta chance ! » Je desserre un peu mes chaussures pour que le sang circule d’avantage, je masse mes pieds à chaque pause et finalement la douleur passe, les jambes sont encore bien présentes alors j’avance vite ! Je me mets même à courir en faux plat descendant, c’est d’ailleurs la première fois que je cours depuis le début de l’aventure. Tout cela me redonne le sourire et un mental d’acier, de plus que je passe entre les orages !

Vue sur le Mont Chaberton après une averse

) Le soir je suis à Briançon, après mon bol de semoule froide au parmesan et chorizo (le grand classique) je rejoins ma tarp pour aller dormir. Jour 7, 4h10 du matin, le vent me réveille, je me dis que c’est un signe, je sors de mon duvet, range tout, mange quelques gâteaux secs et à 4h30 me voilà en direction du Massif du Queyras à la frontale. 10heures plus tard je suis déjà à Ceillac, je m’offre alors le plaisir d’un restaurant avant de repartir marcher toute l’après-midi. Le soir, le Queyras était déjà derrière moi, je venais d’atteindre la vallée de l’Ubaye après une journée de folie, 78km pour 4800m d+ en passant entre les orages.

Le superbe Lac de Saint-Anne dans le Queyras

En clair, je n’ai pas fait que rattraper mon retard ce jour-là, j’ai aussi pris de l’avance, Nice paraît alors si proche ! Le matin du 8ème jour, après quelques kilomètres en Ubaye encore, j’arrive dans le dernier massif à traverser : le Mercantour.

Vue sur le Lac de Derrière la Croix dans le Mercantour

La journée de la veille a fait mal à mes pieds, résultat : une ampoule au petit doigt de pied droit et sur le pied gauche une crevasse. Peu importe la douleur, je répare ou plutôt bricole tout ça et je repars. Il me reste 150km et 8000m d+ pour rallier la Mer Méditerranée, dans ma tête je sais d’avance que c’est « gagné » même si le chemin est encore long ! Le soir, je ne suis plus qu’à 102km, je suis si content que je me mets mon réveil à 5h pour pouvoir vite repartir le lendemain ! Et c’est chose faite, 5h20, le campement est rangé, je repars, les paysages sont une fois de plus magnifiques.

Mais mes pieds me font mal, je prends le temps de les masser lors de longues pauses. Et comme prévu, le soir je dors à côté du Brec d’Utelle, un endroit magnifique parait-il, pourtant moi je suis dans le brouillard, en forêt, à la tombée de la nuit, autant dire que ça ne fait pas rêver. Mais le lendemain matin, alors qu’il me restait un marathon à parcourir, les couleurs étaient incroyables, le lever du soleil était magique.

Lever de soleil sous le Brec d’Utelle

J’étais si excité à l’idée de finir cette Traversée des Alpes, de me jeter dans la Mer mais aussi de me dire que j’ai tenu ces 10 jours ! Cela me faisait rêver, et ce rêve est devenu réalité lorsqu’à 13h30 je suis arrivé sur la plage de galets ! Franchement, quelle idée de faire 580km à pied par les montagnes, tout ça pour se jeter à l’eau ? Et bien honnêtement, c’était de la folie cette aventure, j’en ai pris pleins les yeux avec ces massifs, tous différents les uns des autres…   9 jours et 8 heures, c’est le temps total que j’ai mis pour profiter à 200% de cette aventure !

Arrivée à Nice

Bilan des étapes

Je suis donc arrivé le 17 Juillet dans l’après-midi, et cela n’était pas un hasard. C’était le jour de mes 22ans, et quoi de plus beau cadeau d’anniversaire que de s’offrir l’arrivée d’une si belle aventure ? 

2 commentaires

Vince.H

Superbe aventure. Ca me fait rêver!! Je suis curieux d’avoir plus d’infos sur ton équipement complet…

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Denis

Bjr.
Super CR qui met l’eau à la bouche. Pourrais-tu en dire plus sur le contenu de ton sac, tes ravitos, tes couchages, ta condition physique, les repères que tu as suivis sur ton chemin ? Merci d’avance pour ton partage.

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